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Prodiges chinois Montreux Auditorium Stravinsky 09/14/2008 - Leos Janacek: Idylle pour orchestre à cordes
Wolfgang Amadeus Mozart: Concerto pour piano n° 9, K. 271 “Jeunehomme”
Felix Mendelssohn: Symphonie pour cordes n° 8
Niu Niu (piano)
Zürcher Kammerorchester, Muhai Tang (direction)
Sur les 1,3 milliard de Chinois, on compte semble-t-il 22 millions de pianistes tant la musique classique a une place importante en Chine. Il ne faut pas y avoir un effet « Lang Lang », il faut voir « Lang Lang » comme le produit de cet engouement très réel (et je convie les lecteurs anglophones à lire l’excellent Rhapsody in Red de S. Melvin et C. Jingdong qui raconte l’histoire de la musique en Chine). Pour comprendre ce que représente ce chiffre, cela fait plus de pianistes que les populations de l’Autriche et de la Suisse réunies.
Niu Niu a onze ans (est-ce que tous les pianistes se doivent d’avoir le même nom et prénom ?). Il a déjà à son actif un CD et DVD d’œuvres de Mozart chez EMI. Comme c’est normal à son âge, il se délecte à jouer le Rondeau final du Concerto “Jeunehomme” avec des tempi vifs et il lui faudra un peu de temps pour ne pas tout donner dans les premières mesures du mouvement lent. Mais derrière des moyens techniques impressionnants, on devine le pianiste qu’il va devenir: un beau toucher, un legato de qualité avec des phrasés chantants et surtout une joie communicative de jouer et de faire de la musique. C’est avec gourmandise qu’il donne en bis la Première étude op 10 de Chopin ainsi que l’inévitable transcription du Vol du bourdon de Rimsky-Korsakoff. Souhaitons qu’il prenne son temps et ne sois pas trop rapidement tenté par les multiples offres qu’il va recevoir pour pouvoir continuer à travailler et calmement maturer.
Muhai Tang, ancien directeur musical de l’Opéra de Finlande, et directeur actuel de l’Orchestre de chambre de Zurich, l’accompagne avec beaucoup de soin et en gardant bien à l’esprit que Mozart est avant tout un compositeur de théâtre. La Symphonie de Mendelssohn est exigeante pour les cordes de l’orchestre qui se révèlent précises. Le mouvement lent, orchestré uniquement pour altos, violoncelles et contrebasses trouve les couleurs sombres d’un Weber. Mais c’est l’Idylle de Janacek qui s’avère être un vrai bijou. Une suite pour orchestre à cordes élégante, charmante, remplie de références à la musique populaire. Mais nous sommes chez Janacek et celui-ci sait comme personne au détour d’une phrase de faire surgir ici et là une tension un peu sourde.
A noter que la Chine devrait continuer à être à l’honneur de la saison de cet orchestre puisque rien moins que Tan Dun est son compositeur en résidence. Celui-ci sera présent pour de nombreuses conférences et présentations et plusieurs de ses œuvres seront jouées comme la première exécution en Europe de son Concerto pour piano en mai ou son opéra Tea.
Le site de l’Orchestre de Chambre de Zurich
Antoine Leboyer
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