About us / Contact

The Classical Music Network

Salzburg

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Pianiste à suivre

Salzburg
Mozarteum
08/15/2008 -  
Jean-Sébastien Bach : Concerto italien BWV 971
Franz Liszt : «La leggierezza», «Murmures de la forêt», «Ronde de lutins»
Claude Debussy : Estampes
Frédéric Chopin : Deux Nocturnes op. 62 - Sonate n° 3 en si mineur op. 58

Rafał Blechacz (piano)


R. Blechacz (© Felix Bröde)



Trois ans après le concours Chopin, Rafał Blechacz est invité à Salzbourg. Certes il n’a droit encore qu’au Mozarteum : le grand Festspielhaus est réservé aux grandes étoiles du clavier. Mais il peut se dire qu’un Arkadi Volodos a commencé lui aussi par jouer au Mozarteum et qu’un jour, peut-être... Pour l’heure, le Concerto italien le montre assez vert et assez dru dans un Allegro parfois émaillé d’une point d’humour, plus soucieux des plans sonores que des couleurs dans l’Andante, contrasté et très rapide, jusqu’à une certaine crispation, dans le Presto. Les Etudes de Liszt, brillantes, gagneront à être approfondies avec le temps : « La leggierezza », claire, nuancée, au rubato bien dosé, demanderait un rien d’invention sonore en plus ; les « Murmures de la forêt » pourraient faire chanter davantage la main gauche ; la « Ronde des lutins », en revanche, pétille et bondit dans une légèreté mendelssohnienne, le pianiste n’y tombant pas dans le piège du démonisme ravageur. On est moins convaincu par les Estampes de Debussy, fort bien maîtrisées mais où l’on trouve plus d’effervescence que d’atmosphère. Il est vrai que le pianiste semble récuser toute approche impressionniste : « Pagodes » baigne plutôt dans une lumière crue et s’anime progressivement d’une vie intérieure intense, « Soirée dans Grenade » privilégie moins le mystère que l’urgence, « Jardins sous la pluie » semble plus appuyé qu’évocateur.


La seconde partie ne pouvait qu’être consacrée à Chopin : si Bach, Liszt, Debussy surtout demandent à se décanter, le lauréat témoigne ici d’une incontestable maturité. Les Nocturnes, d’emblée, sont d’une sobriété et d’une clarté parfaites, avec un dosage subtil du rubato ; on n’y déplore ni sécheresse ni fadeur et le pianiste se situe plutôt dans la lignée d’un Rubinstein. Cela se confirme avec la Sonate : l’Allegro maestoso est bien construit, le sens de la forme y canalise la passion ; le Scherzo, s’il fuse, léger et soluble, ménage des contrastes entre l’ombre et la lumière ; le Largo reste d’un lyrisme sobre, fidèle au classicisme de Chopin, la partie médiane ménageant un superbe moment de gravité contemplative ; il évite la course à l’abîme effrénée dans le Finale, puissant mais dominé.


Le public fait un triomphe au jeune Polonais qui prolonge la seconde partie de son récital par une Mazurka et une Valse d’une belle élégance. On va suivre ce jeune homme de très près.



Didier van Moere

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com