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Lumineux

Chaise-Dieu
Abbatiale
08/22/2008 -  et 7 (Fribourg), 11 (Noirlac) juillet, 18 (Saint-Malo), 19 (Lessay), 21 (Tulle), 23 (La Chaise-Dieu) août 2008
Johann Sebastian Bach : Messe en si mineur, BWV 232

Yumiko Tanimura (soprano), Valérie Bonnard (mezzo), Sébastien Droy (ténor), Christian Immler (baryton)
Ensemble vocal et instrumental de Lausanne, Michel Corboz (direction)



Michel Corboz (© Vincent Arlettaz)



Deuxième volet d’un cycle Beethoven, mais aussi Dusapin, de Leeuw, Kinsella, Lutoslawski, Pärt, Rihm, Tavener et, bien entendu en cette année d’hommages, Messiaen: pour sa quarante-deuxième édition, du 20 au 31 août, le Festival de La Chaise-Dieu poursuit sa patiente évolution, toujours sous l’impulsion de son directeur général, Jean-Michel Mathé. Mais dans les quatre villes traditionnellement associées (Le Puy-en-Velay, Brioude, Ambert et Chamalières) et, plus encore, en l’abbatiale Saint-Robert (XIe siècle), la musique sacrée demeure au centre de la programmation: cinq Requiems (Berlioz, Bruckner, Campra, Gilles, Mozart) et, au-delà, tout ce que les époques successives (Palestrina, Tallis, Allegri, Purcell, Bach, Mozart, Beethoven, Schubert, Mendelssohn, Schumann, Brahms, Rachmaninov, Poulenc) ont apporté à ce répertoire. Les meilleurs ensembles et interprètes sont également de la partie pour des plaisirs plus profanes, «Noces baroques et tziganes», «Vingt-quatre violons du Roy» ou Orphée et Eurydice de Gluck.


Le festival, c’est aussi, depuis 2006, une académie animée par Cyril Huvé, dont les stagiaires travaillent cette année avec le violoniste Patrick Cohën-Akenine et le violoncelliste François Poly, fondateurs de l’ensemble Les Folies françoises. Mais le rendez-vous fondé en 1966 par Georges Cziffra remplit également une importante fonction patrimoniale: alors que la préservation du superbe ensemble architectural casadéen nécessite de lourds investissements, ce que vient rappeler la fermeture d’une des ailes du cloître, le festival est porteur d’une précieuse dynamique de réhabilitation, puisqu’il apparaît comme le vecteur de la rénovation des anciennes écuries et granges de l’abbaye, qui, d’ici deux ans, auront été transformées en auditorium.


Outre le maintien des traditionnelles manifestations gratuites (un concert matinal au Puy, des «sérénades» précédant neuf des trente et un autres concerts de cette édition, huit conférences, présentations ou rencontres), la politique tarifaire a été adaptée, avec de nouveaux abonnements libres («Maestro», «Tempo») et, surtout, une réduction de 50% pour les moins de vingt-cinq ans applicable dès l’ouverture de la billetterie. Dès lors, en cette saison plutôt morose sur le front économique et culturel, La Chaise-Dieu affiche une fréquentation en hausse de 8% par rapport à 2007, sans doute aussi grâce à la fidélité d’un public comprenant pour près de 40% des spectateurs habitant dans l’un des quatre départements de la région Auvergne.


Comme de coutume tout au long du festival, deux jeunes musiciens se partagent pour offrir un moment toujours apprécié des auditeurs, la brève introduction au grand orgue (XVIIIe) de l’abbatiale. Durant la première partie du festival, la tâche échoit à Nicolas Loth, qui a opportunément choisi le prélude de choral Nun freut euch, lieben Christen g’mein (1710) de Bach pour mener vers la Messe en si mineur (1723-1748).


Habitué du festival, où il a déjà donné l’œuvre voici onze ans avec son Ensemble vocal et instrumental de Lausanne, Michel Corboz, à soixante-quatorze ans, poursuit paisiblement son chemin, car même s’il a été (médiatiquement) dépassé par une ou deux générations de jeunes loups, certains excès de la vogue baroque lui donnent aujourd’hui raison. En témoigne une interprétation fluide et lumineuse de cette Messe, qu’il vient d’enregistrer le mois dernier pour Mirare. Remarquablement simple et sans affectation, naturelle, nuancée et équilibrée, tant dans le rapport de force entre voix et instruments que dans l’adoption de tempi ni étirés ni précipités, cette vision sereine et sans aspérités, moelleuse et angélique prend le risque de l’engourdissement, davantage dans les airs que dans les pages chorales. Mais tout en se refusant à la surcharge dramatique, elle n’en dispense pas moins des merveilles d’expression, tel un Crucifixus, plainte murmurée fascinante de décantation.


Un orchestre cohérent au sein duquel s’illustrent d’excellents premiers pupitres (flûte, violon), un chœur fin et précis, clair et agile, et un quatuor soliste stylé, dont se détache la mezzo Valérie Bonnard, concourent à une prestation emblématique de la qualité des spectacles que propose ce festival quadragénaire.


Le site du Festival de la Chaise-Dieu
Le site de l’Ensemble vocal et instrumental de Lausanne



Simon Corley

 

 

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