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Les jeudis musicaux de Lille Lille Auditorium du Conservatoire à rayonnement régional 08/07/2008 - Franz Liszt : Sonetto CIV del Petrarca (extrait de la «Deuxième année de pèlerinage»)
Robert Schumann : Phantasiestücke, opus 73
Johannes Brahms : Sonate pour violoncelle et piano n°1, opus 38
Maurice Ravel : Oiseaux tristes – Alborada del Gracioso (extraits des «Miroirs»)
Frédéric Chopin : Sonate pour violoncelle et piano, opus 65
Suzanne Ramon (violoncelle), Emmanuelle Swiercz (piano)
Suzanne Ramon et Emmanuelle Swiercz (© Droits réservés)
En période estivale, la musique a droit de cité à Lille grâce au festival « Clef de Soleil » créé en 2002. Centrée sur Franz Liszt, cette nouvelle édition, qui se tient du 29 juin au 28 août, propose un concert tous les jeudis à 18 heures 30. Piano, orgue, chant choral (le rare Via Crucis de Liszt fut donné le 10 juillet), musique de chambre et, première dans l’histoire du festival, musique symphonique avec Vladimir Sverdlov et l’Ensemble Accord 21 (le 28 août) : l’offre est éclectique et quelques affiches particulièrement alléchantes (le Quatuor Prazak et Shani Diluka le 17 juillet, le Fine Arts Quartet et Jean-Luc Votano le 31 juillet). Argument publicitaire récurrent des organisateurs durant la belle saison, la musique s’allie au patrimoine dans la mesure où différents lieux de la ville sont réquisitionnés à cette occasion (Conservatoire à rayonnement régional, Salle des fêtes de Fives-Lille, Halle aux Sucres, Couvent des Dominicains, Cathédrale « La Treille »).
A Emmanuelle Swiercz, issue du CNR de Douai et du CNSMD de Paris, d’entamer ce concert avec le Sonnet CIV de Pétrarque extrait de la Deuxième année de pèlerinage (1837-1849) de Liszt, figure obligée cette année ; les doigts sont sûrs mais la lecture manque d’aura et de relief. Ainsi qu’il s’en explique dans sa présentation liminaire, Denis Simándy, directeur artistique, et par ailleurs signataire des bien personnelles notes du programme, « réalise une utopie » en invitant celle qui le marqua il y a une vingtaine d’années dans « Le Grand Echiquier » : la (discrète) violoncelliste Suzanne Ramon, née à Budapest, rejoint ensuite la scène avec son Guarnerius pour des Phantasiestücke opus 73 (1849) de Schumann (à l’origine conçues pour clarinette) soignées et enlevées sans débordement.
Le duo, manifestement en phase, livre une belle et solide Première Sonate pour violoncelle (1862-1865) de Brahms. Bien que Suzanne Ramon laisse passer quelques impuretés, la sonorité, généreusement nourrie dans les graves et pleinement épanouie dans le medium, reste expressive et la prestation, au lyrisme intense, s’avère convaincante dans l’ensemble. Si plus de fraîcheur aurait été la bienvenue, l’énergie ne tarde pas à irriguer cette œuvre que son auteur amputa curieusement de son mouvement lent.
En début de seconde partie, Emmanuelle Swiercz, déjà présente l’année passée, revient seule pour deux extraits des Miroirs (1904-1905) de Ravel : Oiseaux tristes délicat et sensible, Alborada del gracioso imaginatif bien qu’accusant quelques discutables ralentissements. Cet appendice déséquilibre toutefois le programme : tant qu’à ajouter une page pour piano, pourquoi ne pas avoir choisi Mendelssohn, ce qui aurait permis de rassembler en une soirée les quatre compositeurs de la « Génération 1810 » ?
Chambriste scrupuleuse et attentive, la pianiste trouve matière à s’illustrer dans la Sonate pour violoncelle (1845-1846) de Chopin, dernière œuvre publiée du vivant de son auteur. Il est sans doute des violoncellistes au jeu redoutablement plus séducteur mais l’engagement et l’intelligence musicale de Suzanne Ramon doivent être salués, ce que le public, venu en nombre (et occupant même une partie du balcon du Conservatoire à rayonnement régional), s’empresse d’accomplir. L’Elégie de Fauré conclut en bis cette copieuse soirée.
Le site du festival Clef de Soleil
Le site de Suzanne Ramon
Le site d’Emmanuelle Swiercz
Sébastien Foucart
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