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Saint-Céré

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Grosses légumes

Saint-Céré
Théâtre de l’Usine
08/02/2008 -  et 5*, 11, 16 août (Saint-Céré), puis 27 (Libourne), 28 (Clermont-Ferrand) novembre, 2 (Mazamet), 31 (Vevey) décembre 2008, 10 (Coignières), 15 (Draguignan), 16 (Saint-Gaudens), 20 (Laval), 28 (Carcassonne) février, 4, 5 (Arles), 25, 26 (Grenoble) avril, 24 (Ris-Orangis), 26 (Tulle) mai, 5 décembre (Thonon-les-Bains) 2009, 7 janvier (Romorantin), 14 (Montluçon), 21 (Montélimar) mars, 27 avril (Moissac) 2010
Jacques Offenbach : Le Roi Carotte (arrangement Stéphane Pélégri)
Frédéric Sarraille (Le Roi Carotte), Eric Vignau (Le Prince Fridolin), Anne Barbier (La Princesse Cunégonde), Agnès Bove (Robin Luron), Cécile Limal (Rosée du Soir), Jean-Claude Sarragosse (Pipertrunk), Christophe Lacassagne (Queribibi), Nathalie Schaaff (La Sorcière Coloquinte), Jean-Pierre Chevalier (Truck), Flore Boixel (Corinne), Caroline Bouju (Médula), Fabienne Masoni (Carmena), Yassine Benameur (Carion), Philippe Pascal (Track)
Nicolas Fargeix/Francis Prost (clarinette), Loïc Chevandier/Wladimir Weimer (basson), Marie Bedat (cornet), François Michels (trombone), Samuel Domergue (percussions), Caroline Florenville (violon), Cécile Grondard (contrebasse), Corine Durous*/Dominique Trottein (piano et direction)
Olivier Desbordes (mise en scène), Eric Perez (collaboration artistique), Patrice Gouron (décors et lumières), Jean-Michel Angays et Stéphane Laverne (costumes)


A. Barbier, F. Sarraille (© Nelly Blaya)


Le Théâtre de l’Usine, siège du Festival de Saint-Céré, s’est établi, comme son nom l’indique, dans une ancienne fabrique de malles et valises: il n’en faut pas davantage pour inviter au voyage dans cet espace tout en bois, brut de décoffrage, simple parterre surmonté d’un promenoir, où la chaleur se fait étouffante en plein cœur de l’été. Qu’à cela ne tienne, tout au long de la représentation de l’opéra féerique et parodique en quatre actes Le Roi Carotte (1872) d’Offenbach, coproduit avec l’Opéra de Dijon et le centre intercommunal de Figeac Cajarc, les quatorze chanteurs se dépensent sans compter et l’enthousiasme du public ne contribue pas à abaisser la température.


Compte tenu des standards auxquels le festival a habitué son public, il faut sans doute être modérément regardant sur les voix, encore que les prestations d’Eric Vignau, Cécile Limal et Jean-Claude Sarragosse se révèlent d’excellent niveau. Quant aux autres, ils compensent par de belles qualités d’acteurs, comme le bondissant Robin Luron d’Agnès Bove et l’aguichante Cunégonde d’Anne Barbier, avec leur chevelure... poil de carotte. Surtout, c’est un véritable spectacle de troupe qui s’impose de façon éclatante, où presque tous doivent jouer les Fregoli, à l’image de Christophe Lacassagne, policier musclé après avoir incarné un viril gladiateur et l’impayable magicien Queribibi, évoquant de très près un grand couturier allemand, mitaines, catogan, éventail et accent compris, poussé dans un fauteuil roulant par une infirmière (travestie) nommée Carla. Pour caractériser légumes et insectes, cour du roi Fridolin XXIV et Romains de Pompéi, Jean-Michel Angays et Stéphane Laverne ont conçu des costumes d’une réjouissante inventivité et qui n’engendrent pas la monotonie. Le dispositif scénique de Patrice Gouron est spartiate, à la mesure du lieu, mais redoutablement efficace: estrades posées devant et au-dessus des musiciens suffisent au mouvement incessant suscité par la mise en scène d’Olivier Desbordes.


Ubuesque avant l’heure dans sa façon de railler le pouvoir – l’effondrement de Sedan est encore tout récent –, le livret passablement déjanté de Victorien Sardou se fait volontiers anarchiste ou marxiste – tendance Groucho, bien sûr, car La Soupe au canard n’est pas loin, le Track de Philippe Pascal rappelant d’ailleurs Harpo. Olivier Desbordes a accentué le caractère parodique du propos et l’a adapté, notamment pour le parsemer, comme le veut l’usage, d’allusions à notre époque. Mitterrandium, balladurium et Bernadette – nous ne sommes pas loin de la Corrèze – en témoignent, mais c’est surtout le président en fonctions qui, pour la plus grande joie de la salle, est l’objet des persiflages: dîner au Fouquet’s et bal avec Mireille Mathieu, bling bling et karcher, montre et jogging, «travailler plus pour gagner plus» et ouverture tous azimuts, tout y passe, ou presque.


Avec les moyens du bord – une réduction pour deux bois, deux cuivres, deux cordes et percussions signée Stéphane Pélégri – la musique n’est guère plus tendre dans son domaine, singeant le grand opéra, avec son air des bijoux et son Ring magique. Quant à la satire de l’Antiquité et à l’atmosphère fantastique, elle est bien dans la veine de l’auteur de La Belle Hélène et des Contes d’Hoffmann, mais ici dans l’esprit d’une revue de cabaret menée tambour battant pendant près de deux heures sans entracte, dé(s)bordant d’idées et ne laissant pas le moindre instant de répit.



Simon Corley

 

 

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