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Saint-Céré

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Plaisirs de la table

Saint-Céré
Prudhomat (Château de Castelnau)
07/30/2008 -  et 1er, 4*, 10, 12, 15 août 2008 (Castelnau), puis 20 (Cahors), 23, 25 (Martigues), 28 (Plaisir), 30, 31 (Grenoble) janvier, 4 (Mérignac), 6 (Compiègne), 7 (Dreux), 11 (Maisons-Alfort), 13 (Saint-Louis), 23, 24 (Blagnac), 26 (Clermont-Ferrand) février, 1er (Montauban), 11, 13, 15 (Dijon) mars 2009
Jacques Offenbach : Les Contes d’Hoffmann (arrangement Philippe Capdenat)
Andrea Giovannini (Hoffmann), Isabelle Philippe (Olympia, Giulietta, Antonia, Stella), Jean-Claude Sarragosse (Lindorf, Coppelius, Dapertutto, Dr. Miracle), Sabine Garrone (Nicklausse, Voix de la mère), Eric Vignau (Cochenille, Pittichinaccio, Frantz, Andrès), Christophe Lacassagne (Luther, Crespel), Alain Herriau (Hermann, Schlemil), Lionel Muzin (Nathanaël, Spalanzani)
Chœur et Orchestre du Festival de Saint-Céré, Dominique Trottein (direction musicale)
Olivier Desbordes (mise en scène), Patrice Gouron (décors et lumières), Jean-Michel Angays, Stéphane Laverne (costumes)


I. Philippe, J.-C. Sarragosse (© Nelly Blaya)


En coproduction avec l’Opéra de Dijon, le Festival de Saint-Céré présente à six reprises Les Contes d’Hoffmann (1880) dans le cadre grandiose du château de Castelnau-Bretenoux (XIIe-XVIIe). Située sur le territoire de la commune de Prudhomat, à une dizaine de kilomètres à l’ouest de Saint-Céré, la demeure entretient depuis plus d’un siècle un lien avec la musique: en 1896, Jean Mouliérat (1853-1932), ténor à l’Opéra-comique, la sauve de la ruine définitive à laquelle devaient la conduire les suites d’un incendie criminel survenu en 1851, et, à sa mort, en fait don à l’Etat. Le visiteur peut désormais y admirer de riches collections, dont un buste du légataire, dû au sculpteur Paul Niclausse (1879-1958): sans nul doute, l’endroit était prédestiné pour accueillir l’opéra fantastique d’Offenbach.


Peu de festivals français conjuguent avec autant de succès esprit du lieu et soin apporté aux spectacles, car ici, la qualité de vie n’est jamais oubliée. Au pied du château que le soleil déclinant colore de chauds reflets dorés, sur les remparts dominant la vallée de la Dordogne, la pelouse de l’immense terrasse accueille les spectateurs dès 20 heures: moyennant 20 euros, ils peuvent y déguster de généreuses assiettes de produits du cru (canard, cabécous), accompagnées, bien entendu, de cahors, et ce n’est que peu avant 21 heures 30 que des coups de cymbales les invitent à rejoindre la cour intérieure, entre les hautes murailles sur lesquelles les ombres des personnages ne tarderont pas à se projeter.


Si le cadre sert trop souvent d’alibi à la médiocrité, tel n’est évidemment pas le cas ici. Et l’on sait faire la différence, à Saint-Céré, entre économie de moyens et indigence. Certes, l’instrumentation a été adaptée par Philippe Capdenat pour les vingt-quatre musiciens de l’Orchestre du Festival, installés côté cour en contrebas de la scène, une caméra et des écrans de télévision permettant au chef de donner les départs aux chanteurs: finement menés par Dominique Trottein, les musiciens tirent plus qu’honnêtement leur épingle du jeu. Compte tenu de la latitude qu’ouvre l’histoire complexe de la partition, inachevée à la mort du compositeur, l’essentiel y est: septuor, air du diamant, acte de Giulietta avant celui d’Antonia, ce qui semble dramatiquement et musicalement préférable.


Réduit à seize unités, le chœur prend place autour d’une vaste table octogonale, élément central de la scénographie de Patrice Gouron. L’action se déroule sur cette surface ou autour d’elle, exploitant habilement toutes les potentialités du dispositif: la grande nappe rouge du troisième acte devient ainsi une robe à traîne infinie dont Antonia se drape face à un parterre imaginaire, rattrapée et étouffée par sa passion du chant. Quant à la manière dont Dapertutto fait scintiller ses diamants, l’effet en est aussi magique et poétique que le mécanisme en est simple.


La mise en scène d’Olivier Desbordes regorge de ces images fortes, assises sur une direction d’acteurs particulièrement fouillée. Elle s’enracine dans le fantastique hoffmannien, teinté d’un zeste de Daumier par les maquillages blafards de Pascale Fau, auxquels seul le rôle-titre échappe, et par les costumes de Jean-Michel Angays et Stéphane Laverge, encore que le diable et le poète, vêtus de longs manteaux, ainsi que les incarnations de ses conquêtes successives renvoient à des références plus traditionnelles. Un théâtre de tréteaux qui se revendique comme tel, regardant même vers le cirque, avec son Nicklausse en clown blanc, habit de lumière et couvre-chef en pointe.


Difficile de trouver des faiblesses dans la distribution: Hoffmann vaillant d’Andrea Giovannini, dont on regrettera toutefois le fort accent; impeccable prestation d’Isabelle Philippe, un peu moins à l’aise en Giulietta qu’en Olympia ou en Antonia; leçon de diction, de chant et de phrasé de Jean-Claude Sarragosse, qui prête sa voix chaleureuse et solide aux différentes figures du diable; Sabine Garrone vocalement et scéniquement convaincante en Nicklausse; Eric Vignau très en verve dans les couplets de Frantz.


Bref, un spectacle de très grande qualité, salué par de nombreux rappels d’un public mêlant notamment le président de la région Midi-Pyrénées, l’expert ès-Offenbach Jean-Christophe Keck, venu en voisin du Festival lyrique des châteaux de Bruniquel, et Julie Depardieu, qui vient de mettre en scène Les Contes avec Stéphan Druet pour «Opéra en plein air».


Le site du château de Castelnau-Bretenoux



Simon Corley

 

 

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