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On encense sa vaillance

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Théâtre Antique
08/02/2008 -  et 5* août 2008
Charles Gounod: Faust
Inva Mula (Marguerite), Marie-Nicole Lemieux (Dame Marthe), Roberto Alagna (Faust), René Pape (Méphistophélès), Jean-François Lapointe (Valentin), Xavier Mas (Siebel), Nicolas Testé (Wagner)
Chœurs des opéras de région, Orchestre Philharmonique de Radio France, Michel Plasson (direction), Janine Reiss (études musicales)
Gérard Audier (costumes), Laurence Labrousse (chef maquilleuse), Jean Claude Marchione (chef pérruquier), Vinicio Cheli (lumières), Nicolas Joel (mise en scène)


En coproduction avec le Capitole de Toulouse



I. Mula, R. Alagna (© Philippe Gromelle/Grand-Angle Orange)


L’édition 2008 des Chorégies d’Orange s’est terminée hier soir avec un Faust qui restera sans doute dans la mémoire des amateurs des grand-messes du Théâtre Antique. Nicolas Joël, qui déjà en 1990 signait une superbe mise en scène de cet ouvrage, a comblé le public. Décor unique pour les cinq actes, consistant en un orgue géant de soixante mètre de large sur environ quarante de haut devant lequel s’affrontent les protagonistes. L’action, transposée à l’époque de la création de l’œuvre ne souffre pas de ce voyage dans le temps, au contraire, et l’on n’est pas mécontent de quitter un Moyen Age qui a longtemps figé cet opéra dans une imagerie vieillotte et convenue. L’ensemble est fort réussi et rien ne semble pêcher dans le spectacle qui a été présenté hier soir : qu’il s’agisse des costumes de Gérard Naudier, des éclairages de Vinicio Cheli, ou des remarquables maquillages de Laurence Labrousse, tout est exécuté avec le plus grand talent. Nul doute que les auditeurs de France Musique et les téléspectateurs de France 2 ont dû, eux aussi, savourer cette présentation de très haut niveau.



Musicalement, les Chorégies n’ont pas lésiné sur les moyens : Michel Plasson - lui aussi présent en 1990 mais à la tête de l’orchestre du Capitole - dirige un Orchestre Philharmonique de Radio France très en forme. Le Maestro, en grand spécialiste du répertoire français donne une lecture adaptée à ce lieu, d’une précision exemplaire, parfois un rien grandiloquente, mais la partition s’y prête en de nombreux endroits et l’immensité du Théâtre Antique a force de loi. Les chœurs des opéras de région (Avignon, Nice, Toulon, Montpellier) rendent fière justice au superbe rôle que Gounod a écrit pour eux dans cet ouvrage.


Mais hier soir, c’était "la fête à Roberto". Égal à lui-même, sachant toujours établir avec son public – il n’y avait que des fans hier soir – une chaleureuse alchimie, le divo a reçu des huit mille spectateurs une ovation à faire trembler les gradins. Si on a connu des voix de ténor plus raffinées que la sienne, on est en revanche stupéfait devant la facilité de l’émission, la vaillance dans le registre aigu, le timbre ensoleillé de son instrument et cette joie de chanter si communicative. Son Faust est somme toute assez conventionnel, mais là encore, le gigantisme de la scène (soixante-cinq mètres de long) et de l’amphithéâtre ne permettent pas toujours de faire dans la nuance. Le reste de la distribution est en tout point digne d’éloges. René Pape a dû beaucoup écouter Boris Christoff, et on l’en félicite. Sans plagier son illustre aîné dans ce rôle, Pape campe un Méphistophélès à vous donner froid dans le dos. La voix est puissante, les intonations machiavéliques, et la présence dramatique de cet excellent acteur donnent à son incarnation une envergure de premier plan. L’Albanaise Inva Mula, déjà applaudie à Orange dans La Traviata, est tout à fait à sa place dans le rôle de Marguerite. La voix est égale dans tous les registres et le timbre fort agréable. Son air des bijoux est bien un peu guindé mais sa prestation dans le cinquième acte force l’admiration. Très applaudis par le public, à juste titre, Jean-François Lapointe signe un Valentin d’excellente facture et Marie-Nicole Lemieux une Dame Marthe truculente à souhait. Le rôle de Siebel n’était pas chanté par un soprano et on s’en réjouit. Il était confié ce soir, une fois n’est pas coutume, hélas, à un ténor, Xavier Mas, au talent prometteur. Enfin, Nicolas Testé, en Wagner est lui aussi à la hauteur de sa tâche.


« La guinguette a donc fermé hier soir ses volets sur les joyeux triolets » de la célébrissime valse écrite par Gounod. Raymond Duffaut, le directeur artistique des Chorégies, ainsi que les cinq cents personnes qui ont contribué, de près ou de loin, à la réalisation de ce spectacle ont tout lieu d’être satisfaits de l’édition 2008. Quant à Roberto Alagna, il reviendra à Orange, avec Inva Mula, en 2009 pour Paillasse et Cavalleria rusticana.



Christian Dalzon

 

 

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