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Salustia ressuscitée

Montpellier
Opéra Comédie
07/27/2008 -  et 28 juillet 2008*
Giovanni Battista Pergolesi : Salustia
Maria Ercolano (Salustia), Raffaella Milanesi (Giulia), José Maria Lo Monaco (Alessandro), Cyril Auvity (Claudio), Marina De Liso (Marziano), Valentina Varriale (Albina)
La Capella della Pietà de’ Turchini, Antonio Florio (direction)
Jean-Paul Scarpitta (conception et mise en scène), Société Albaka, Selim Saïah (décors), Urs Schönebaum (lumières), Ateliers de l’Opéra National de Montpellier (costumes), Anna Croquet (masques)




Antonio Florio (© Droits réservés)



A Montpellier, qui dit Festival de Radio France dit rareté, découverte, exhumation. Au rayon lyrique, la vingt-quatrième édition, tenue du 14 au 31 juillet 2008, se sera tout particulièrement distinguée, avec pas moins de trois curiosités au programme. Après Fedra d’Ildebrando Pizzetti et La Esmeralda de Louise Bertin, créées toute deux en version de concert les 16 et 23 juillet, c’est au tour de la Salustia (1731), premier opéra de Jean-Baptiste Pergolèse, d’être ressuscité.


Cet opera seria d’un compositeur de vingt-et-un ans voit dans la cité languedocienne sa (fort) probable première scénique dans sa version originale. Il en existe une seconde, très remaniée, conçue suite à la mort inopinée du castrat Nicolò Grimaldi, créateur pressenti du rôle principal, mais elle fut très rapidement retirée de l’affiche. Le livret, d’après Alessandro Severo d’Apostolo Zeno, nous plonge dans l’antiquité romaine, source d’inspiration récurrente au XVIIIe siècle : classique et complexe histoire de domination, de jalousie, de vengeance, d’assassinat et de pardon autour de l’empereur Severo, qui régna de 222 à 235, et de son épouse Salustia, fille du général et patricien romain Marziano.


Presque trois heures d’une musique inégalement inspirée, manquant cruellement de concision et qui fait se succéder en trois actes airs et (longs) récitatifs secci avec malgré tout, çà et là, quelques duos et scènes d’ensemble : il fallait bien une scénographie pour maintenir l’attention du spectateur, mise à rude épreuve au vu du nombre de sièges abandonnés après la pause. La redoutable tâche d’animer le plateau revient à Jean-Paul Scarpitta, fidèle à Montpellier (Opéra National, Festival de Radio France). Fonctionnel et sans mauvaise surprise, son travail tente, avec un certain bonheur, de dynamiser quelque peu cet ouvrage. Le visuel, quant à lui, ne connaît aucune transposition de temps (IIIe après J.-C.) ni de lieu (Rome). Mais les décors, qui comportent notamment une immense toile inspirée des Sept collines de Rome de Giovanni Bellini et, surtout, l’éclairage, simples et sans recherche, incitent à parler plutôt de version semi scénique améliorée. Restent des costumes de belle facture, particulièrement suggestifs pour quelques dames, ainsi qu’une jolie (et techniquement réussie) scène de douche collective en seconde partie de soirée – l’eau recouvre par ailleurs le plateau en flaques éparses durant tout le spectacle.


L’engagement dramatique de la distribution, sans maillon faible, se doit d’être salué, en particulier Maria Ercolano (Salustia) et Raffaella Milanesi (Giulia). Scrupuleusement dirigée par son fondateur Antonio Florio, La Capella della Pietà de’ Turchini, ensemble d’exception, livre une prestation de haut vol. Cette Salustia survivra-t-elle ? S’il lui arrive de se tromper, laissons la postérité en décider. Mais qu’il en soit permis d’en douter.


Le site du Festival de Radio France et Montpellier Languedoc-Roussillon
Le site de la Capella della Pietà de’ Turchini





Sébastien Foucart

 

 

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