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Une messe sans solistes Montpellier Opéra Berlioz-Le Corum 07/27/2008 - Gioachino Rossini : Petite Messe solennelle Kädy Plaas (soprano), Ieva Parša (mezzo), Kęstutis Alčauskis (ténor), Gundars Dzilums (basse)
Dace Klava et Agnese Eglina (pianos), Ilze Reine (harmonium), Chœur de la Radio lettone, Sigvards Klava (direction)
S. Klava (© Droits réservés)
Entre le recueillement et l’emphase, à la fois œuvre authentiquement religieuse et opéra de salon, la Petite Messe solennelle de Rossini n’est pas si facile à réussir, même si ce dernier n’a rien écrit d’insurmontable pour les quatre solistes. A Montpellier, le Chœur de la Radio Lettone montre une belle homogénéité et une riche palette de nuances, notamment dans le fervent « Christe » a cappella, triomphant avec assurance de la fugue finale du « Credo ». Il reste que ces voix ne sont pas exemptes d’une certaine dureté et n’ont pas la couleur latine nécessaire pour la partition – car cela reste du Rossini. Le cas des solistes s’avère plus embarrassant : ce n’est plus tellement affaire de timbre, mais de technique et de style. Les hommes, surtout, déçoivent : on montrera cependant de l’indulgence pour Kęstutis Alčauskis, qui a honorablement remplacé Mati Turi souffrant, tout en s’interrogeant sur le choix de Gundars Dzilums, carrément mauvais, incapable de projeter sa voix et de phraser sa partie. Les femmes chantent mieux, surtout à partir du « O salutaris », où Kädy Plaas semble plus sûre dans ses attaques, à défaut de trouver vraiment son médium et son grave, où Ieva Parša, plus mezzo que contralto, se donne davantage dans une partie qui la met en relief. Peut-être cette différence entre le chœur et les solistes eût-elle atténuée si Sigvards Klava avait davantage dirigé l’ensemble, alors qu’il donne l’impression de concentrer tout son travail sur son chœur – la question se pose d’ailleurs souvent pour la partition, que dirigent aussi bien des chefs de chœur que des chefs d’orchestre. Heureusement, les pianistes, malgré quelques décalages de détail, ont fort bien joué leur rôle d’accompagnement, se substituant parfaitement à l’orchestre que Rossini n’a pas voulu. On regrette d’autant plus que l’harmonium ait eu un son aussi ingrat et que ses pédales aient grincé aussi fort. On ne dira pas, en tout cas, que cette Petite Messe solennelle nous ait fait entrevoir le Ciel.
Didier van Moere
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