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Visions à deux pianos La Grave Eglise Notre-Dame 07/16/2008 - Claude Debussy : Khamma
Mauricio Kagel : Capriccio pour deux pianos
Arthur Honegger : Partita pour deux pianos
Olivier Messiaen : Visions de l’amen Markus Bellheim, Armin Fuchs (pianos) Markus Bellheim Armin Fuchs
Le début du concert convainc peu. Khamma sonne de façon très sèche sous les doigts des deux pianistes, beaucoup plus sèche – peut-être aussi plus moderne – que dans sa version pour orchestre, achevée par Koechlin sous la direction de Debussy : on n’a guère l’impression ici d’une « légende dansée ». Le Capriccio pour deux pianos de Mauricio Kagel n’est pas interprété avec moins de raideur, mais force est de convenir que cette pochade aux dissonances un peu creuses (2005) ne présente guère d’intérêt. La Partita pour deux pianos d’Arthur Honegger, en revanche, apparaît comme une œuvre gagnant à être connue, où l’on retrouve bien la gravité du compositeur, mais aussi, dans l’Allegretto moderato final, son côté – moins connu pour le coup – groupe des Six et années 1920. Là, Markus Bellheim et Armin Fuchs trouvent des couleurs, impriment une tension dans les mouvements lents, se libèrent dans les passages rapides.
C’est pourtant dans les Visions de l’amen, plusieurs fois entendues dans le même lieu, notamment sous les doigts de Florent Boffard et Claire Désert en 2004 (lire ici), qu’ils donnent enfin toute leur mesure. Leur entente, d’abord, est parfaite dans une œuvre difficile où les deux pianos, à l’instar d’Olivier Messiaen et Yvonne Loriod, les créateurs, doivent vraiment fusionner. Moins métallique, leur sonorité se timbre davantage et se fait aussi plus orchestrale, même si l’on n’y trouve pas tout le velouté ou toute l’onctuosité que l’on peut attendre de certaines pages. Il est vrai que les deux pianistes semblent privilégier la forme plutôt que l’expression, adoptant une lecture résolument moderne – plus sans doute que ne le veut la musique. La partition n’en sonne pas moins dans toute sa puissance dès l’« Amen de la création », se pare presque d’une certaine sensualité dans l’« Amen du désir », jubile dans les éclats l’« Amen des anges, des saints, du chant des oiseaux », avant de culminer dans les carillons de l’« Amen de la consommation ».
Le site d’Armin Fuchs
Didier van Moere
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