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Playlist Mons
Eglise Saint-Martin, Horrues
06/28/2008 -
Francesco Tristano Schlimé : Hello – Nach Wasser, noch Erde
Girolamo Frescobaldi : Toccatas (extraits)
Luca Francesconi : Mambo
Justin Messina : Nytectonics – Four City Bridges
Jean-Sébastien Bach : Suite française n°3, BWV 814
Arvo Pärt : Für Alina
Carl Craig : Technology
Francesco Tristano Schlimé (piano)
Francesco Tristano Schlimé (© Stefan De Lay)
De nombreux musiciens reviennent à Horrues pour son Eté musical, probablement le festival le plus intéressant du Hainaut, avec les « Voix Intimes » de Tournai : après s’être produit l’année dernière lors de la « Nuit des jeunes talents », Francesco Tristano Schlimé occupe seul l’affiche de l’avant-dernier concert de cette seizième édition.
Ce Luxembourgeois né en 1981, vainqueur remarqué du Concours international de piano XXe siècle d’Orléans en 2004, a conçu un programme personnel et hors des sentiers battus, mêlant le contemporain aux XVIIe et XVIIIe siècles, le tout joué en deux parties sans interruptions. Aux grands anciens (Girolamo Frescobaldi, Jean-Sébastien Bach) sont associés des noms bien connus des amateurs de musique d’aujourd’hui (Francesconi, Pärt), un condisciple du pianiste à la Juilliard School de New York (Justin Messina), un DJ et producteur de musique électronique et de jazz (Carl Craig) ainsi que Francesco Tristano Schlimé lui-même.
Faut-il y voir une volonté de se singulariser à tout prix ? Sans doute pas car Francesco Tristano Schlimé, tenue classe et décontractée, démarche fluide, les pieds semblant à peine toucher le sol, n’impose aucune excentricité à la Lang Lang. La technique est admirable, la musicalité certaine, la pensée rigoureuse et le charisme indéniable. Dans une succession bien ajustée de pièces parfois écrites à quelques siècles d’intervalle, le pianiste montre une grande concentration ainsi qu’une gestuelle gracieuse qui, dans l’écrin de la jolie Eglise Saint-Martin, renforce la beauté visuelle de sa prestation.
Frescobaldi et Bach ne souffrent aucunement de leur cohabitation avec les œuvres de Schlimé, Francesconi, Messina et Pärt. Les Toccatas (1637) du premier et la Troisième Suite française (1724) du second bénéficient d’une tenue expressive adéquate, d’un toucher lumineux et d’une conduite de la ligne remarquable. Placées aux extrémités de la première partie, les compositions du pianiste, Hello (2005) et Nach Wasser, noch Erde (2007), au fort parfum d’improvisation, se laissent écouter non sans plaisir, surtout la première, à l’esthétique proche du minimalisme.
Nytectonics (2006) et Four City Bridges (2006) de Justin Messina (né en 1980) relèvent, dans une certaine mesure, de la même démarche, encore que le style, moins planant, de ce Californien soit plus insaisissable. Le spectaculaire Mambo (1984) de Luca Francesconi constitue probablement l’ouvrage le plus intéressant entendu au cours de la soirée tandis que Für Alina (1976), dans lequel Schlimé suspend le temps, est signé d’un Arvo Pärt égal à lui-même. Arrangement d’un tube techno de Carl Craig, Technologie (1995) conclut idéalement ce programme (prolongé de deux bis de la même veine) qui aurait probablement ravi un jeune public réfractaire à la musique dite classique, alors même qu’il semble que cette soirée particulière et un rien iconoclaste ait été quelque peu boudée dans la mesure où l’église n’était remplie qu’à la moitié de sa capacité…
Que Francesco Tristano Schlimé prenne toutefois garde à ne pas restreindre son fond de commerce à cette musique. Sa sensibilité, la variété de son jeu, tantôt incisif, tantôt moelleux, et son sens infaillible du rythme feraient des merveilles dans le grand répertoire, en particulier celui de la Seconde Ecole de Vienne. Et que donnerait ce pianiste dans le classicisme et le romantisme ? C’est en effet à l’aune des piliers de l’Histoire de la musique que l’on évalue les grands solistes.
Le site de Francesco Tristano Schlimé
Sébastien Foucart
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