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Une semi-déception

Bruxelles
La Monnaie
06/05/2008 -  et 8*, 11, 14, 17, 19, 22, 24, 26, 27, 29 juin 2008
Giuseppe Verdi : La Forza del destino
Alessandro Guerzoni (Il marchese di Calatrava), Eva-Maria Westbroek*/Lisa Houben (Donna Leonora di Vargas), Vassily Gerello (Don Carlo di Vargas), Zoran Todorovich*/Nicola Rossi Giordano (Don Alvaro), Marianne Cornetti (Preziosilla), Carlo Colombara (Padre Guardiano), José van Dam (Fra Melitone), Carole Wilson (Curra), Roberto Accurso (Un alcade), Alexandre Kravets (Mastro Trabuco), Tijl Faveyts (Un medico)
Chœurs de la Monnaie, Piers Maxim (chef des chœurs), Orchestre Symphonique de la Monnaie, Kazushi Ono*/Andriy Yurkevych (direction)
Dirk Tanghe (mise en scène), Joël Lauwers (collaboration à la mise en scène), Richard Hudson (décors et costumes), Fabrice Kebour (éclairage)



(© Bernd Uhlig/La Monnaie)


Kazushi Ono effectue en ce mois de juin ses adieux à la Monnaie à l’occasion d’une nouvelle production de La Force du destin de Verdi et d’un concert qui sera donné le 15 juin au Bozar. Contrairement à ce qui a été annoncé dans ces colonnes, le poste de directeur musical ne sera finalement pas confié à Mark Wigglesworth, comme l’a décidé la direction il y a quelques mois (il semble que la raison soit davantage managériale que musicale). Pour l’heure, aucun successeur à cette fonction n’a été désigné même si le chef britannique se produira comme prévu dans trois productions (Pelléas et Mélisande, Le Grand Macabre, les Noces de Figaro) et deux concerts. Cela dit, ce revirement de situation ne va-t-il pas compromettre la qualité musicale de ses prestations ?


C’est qu’après Antonio Pappano (directeur musical de 1992 à 2002), très apprécié lui aussi, l’Orchestre Symphonique de la Monnaie était visiblement tombé sous le charme du chef japonais, musicien aussi fin que rigoureux. D’une mémorable Elektra en septembre 2002 jusqu’à sa prestation exemplaire dans La Force du destin, et ce dès la fameuse ouverture abordée avec allant et caractère, Kazushi Ono se sera toujours montré excellent dans la fosse de l’opéra national, galvanisant un orchestre convaincu et dès lors convaincant.


On n’en dira pas autant de la mise en scène confiée au Belge d’origine flamande Dirk Tanghe, issu du théâtre mais vierge de toute expérience lyrique. Direction d’acteurs (quand il y en a une) minimale et convenue, évolution des choristes manquant de virtuosité, tableaux d’ensemble parfois à la limite du ridicule (fin du troisième acte), changements de scène prêtant à sourire (le marquis de Calatrava, blessé mortellement, se lève aux yeux de tous afin de rejoindre les coulisses…), souffle dramatique ténu : il est dès lors bien difficile de se passionner pour cette improbable tragédie. Au moins le spectacle a-t-il le mérite de la cohérence et de l’humilité.


Rares sont également les images fortes. Pourtant, le visuel ne manque pas de séduction, en particulier grâce aux formidables éclairages de Fabrice Kebour : à d’immenses murs modulables aux deux premiers actes succède une clairière passée à coupe claire dans le troisième non sans un retour au décor initial au quatrième. La beauté des effets créés par la brume artificielle mérite d’être soulignée, au même titre que les très nombreux costumes conçus par Richard Hudson.


Aucune erreur de distribution, par contre, chacun endossant son rôle avec engagement et musicalité. Le public de la Monnaie découvre la soprano néerlandaise Eva-Maria Westbroek qui signe des débuts brillants et passionnés dans le rôle de Leonora ainsi sur la scène bruxelloise. Cette artiste complète, excellente technicienne au demeurant, confirme qu’il s’agit d’une des tragédiennes actuellement les plus en vue du circuit (voir ici, ici et ici). Vassily Gerello (Don Carlo) et Zoran Todorovich (Don Alvaro) offrent une fort belle confrontation mais qui manque sans doute un peu de classe par moments. Doté d’une saisissante et profonde voix de basse, Carlo Colombara signe une incarnation très remarquée et pleine de noblesse de Padre Guardiano. Quant à José van Dam, une nouvelle fois extraordinaire de présence, il prouve qu’il n’est jamais trop tard pour aborder un nouveau rôle : son Fra Melitone est truculent et bien chanté, bien que les moyens ne soient (évidemment) plus ceux d’antan. Quant aux chœurs de la Monnaie, ils se sont montrés égaux à eux-mêmes.


La Force du destin n’avait plus été représenté à la Monnaie depuis 1975. Nul doute que cette production restera éventuellement dans les mémoires pour sa qualité musicale davantage que pour son intérêt scénique. D’autres ouvrages lyriques, dramatiquement plus aboutis et ramassés, auraient probablement été plus indiqués pour un metteur en scène d’opéra débutant.





Sébastien Foucart

 

 

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