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Grande tradition symphonique Bruxelles Bozar, Salle Henry Le Bœuf 05/30/2008 - et 18 (Dresde), 27 (Toulouse), 29 (Paris) mai 2008 Olivier Messiaen : Les Offrandes oubliées
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour piano n°20, K. 466
Ludwig van Beethoven : Symphonie n°5, opus 67
Lars Vogt (piano)
Staatskapelle de Dresde, Myung-Whun Chung (direction)
La saison musicale bruxelloise entame (déjà) sa dernière ligne droite ! La série de concerts du Bozar consacrée aux grands orchestres internationaux se conclut quant à elle en ce vendredi soir avec rien moins que la Staatskapelle de Dresde, la plus ancienne formation symphonique en activité. Mais que le mélomane se rassure car dès le mois de septembre, les phalanges de prestige se succèderont de nouveau sur la scène de la Salle Henry Le Bœuf : Orchestre Mariinsky (8 septembre), Budapest Festival Orchestra (2 octobre), London Symphony Orchestra (9 octobre), London Philharmonic Orchestra (15 novembre), Orchestre National de Russie (19 et 20 janvier), Koninklijk Concertgebouworkest (30 janvier), Berliner Philharmoniker (19 février), Philharmonia Orchestra (5 mars) ou encore, last but not least, Orchestre Philharmonique tchèque (11 juin).
Si Fabio Luisi en occupe depuis l’année dernière le poste de directeur musical, c’est avec Myung-Whun Chung que la Staatskapelle de Dresde effectue en cette fin mai une tournée passant par Cagliari, Budapest, Vienne, Toulouse, Lyon et Paris pour se terminer à Bruxelles, et ce avec pas moins de quatre programmes dans les bagages. Une seule œuvre du XXe siècle parmi les partitions emportées et, s’agissant d’Olivier Messiaen, le chef, défenseur reconnu du compositeur, entend rendre un hommage à l’occasion du centenaire de sa naissance. Si la France le commémore très largement, la Belgique ne l’oublie pas pour autant puisque seront encore donnés dans la seconde moitié de l’année au Bozar et à Flagey les Couleurs de la Cité Céleste, Eclairs sur l’Au-Delà, Des canyons aux étoiles et, au rayon pianistique, les Vingt Regards sur l’Enfant-Jésus.
En attendant de découvrir ce qu’en feront Jean-Claude Casadesus et Tugan Sokhiev respectivement les 12 et 26 octobre prochain, Myung-Whun Chung entame le concert avec de remarquables Offrandes oubliées (1930) signées d’un Messiaen âgé de vingt-deux ans à peine. Une mise en place précise, des cordes parfaitement homogènes et aptes au murmure autant qu’à la méditation, un épisode central enlevé avec maestria : la réussite s’avère indéniable. Le chef impose à l’issue de la prestation un (très) long silence avant les applaudissements, moment, bien entendu, ponctué d’innombrables toux.
Suit Mozart avec son Vingtième Concerto pour piano (1785) pour une lecture s’inscrivant dans la grande tradition classique, au sens le plus noble du terme. Lars Vogt, au jeu fin et racé, n’y cultive aucune emphase ni maniérisme ; le toucher, apte à faire chanter le clavier, est magnifique, les phrasés éloquents, les lignes admirablement conduites. Si cette réalisation n’est ni la plus bouleversante ni la plus complexe qui soit, elle s’inscrit néanmoins dans une approche cohérente, assumée de bout en bout et qui ne néglige pas pour autant la richesse expressive de ce chef d’œuvre. La Staatskapelle de Dresde assure un accompagnement de belle facture, dynamique et suffisamment contrasté mais par moments un rien sonore. Le pianiste offre en bis un Nocturne opus 62 n°1 de Chopin à la fois pudique, profond et lumineusement simple.
Place ensuite à un archétype de la symphonie du grand répertoire. Dans la Cinquième (1807-1808) de Beethoven, aucune mauvaise surprise, comme on pouvait s’y attendre, mais cela ne signifie pas qu’aucune réserve ne doit être formulée à l’encontre d’une prestation certes instrumentalement remarquable, bien qu’il faille regretter que les bois ne se hissent pas toujours à la hauteur des cordes, mais sans enjeu ni invention véritables. Sans toutefois en rajouter, cette Cinquième, fermement tenue, cultive in fine un premier degré assez irritant, sans doute imputable au ton trop uniforme entretenu par l’orchestre. A cela s’ajoutent des angles qu’il est permis de souhaiter plus saillants et des traits affichant généralement une sveltesse toute relative. La standing ovation offerte par de nombreux spectateurs se justifie-t-elle ? Quoi qu’il en soit, les sceptiques seront sans doute tombés sur le charme d’un bis particulièrement luxueux : ni plus ni moins que l’Ouverture du Freischütz de Weber.
Le site de la Staatskapelle de Dresde
Le site de Lars Vogt
Sébastien Foucart
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