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Musica da camera e voce Tournai Chapelle de l’Athénée Bara 05/25/2008 - Serge Prokofiev : Ouverture sur des thèmes juifs, opus 34
Ludwig van Beethoven : Schottische Lieder (extraits des “Volkslieder”), opus 108 – An die ferne Geliebte, opus 98
Ludwig Spohr : Six Lieder allemands, opus 103
Felix Mendelssohn : Octuor à cordes, opus 20
Virginie Malfait (soprano), Michel Jakobiec (baryton), Charles Michiels (clarinette), Chapelle Musicale de Tournai : Brigitte Seghers, Françoise Vandenbulcke, Catherine Philippart, Emmanuel Vandriessche (violon), Marie-France Gillet, Dominique Huybrechts (alto), Christiane Diricq, Bénédicte Nicolay (violoncelle), Philippe Gérard (piano)
Fondée il y a tout juste trente ans, la Chapelle Musicale de Tournai conclut une seizième saison éclectique (un oratorio de Haendel, un concert symphonique, un autre consacré à Vivaldi, un hommage au baryton Jean Noté) avec, pour reprendre une terminologie en vogue au XIXe siècle, un concert « vocal et instrumental » : à des pièces purement instrumentales se mêlent des pages destinées à la voix, et ce pour divers effectifs. Le rendez-vous n’a pas été manqué dans la mesure où presque tous les sièges de la Chapelle de l’Athénée Bara sont occupés.
Si le lieu s’avère des plus charmant, l’acoustique ne tarde pas à se montrer impitoyable, et ce dès l’Ouverture sur des thèmes juifs (1919) de Prokofiev. Jouée avec allégresse, à l’instar du clarinettiste Charles Michiels, elle perd toutefois beaucoup de son caractère et de sa finesse, dilués dans un excès de réverbération.
Conçus pour piano, violon et violoncelle, les Volkslieder (1810-1816) de Beethoven témoignent de l’intérêt de ce dernier pour les chants populaires, en particulier irlandais, gallois et écossais. Six lieder écossais furent proposés durant cette fin d’après-midi. Accompagnés sobrement et efficacement, la soprano Virginie Malfait et Michel Jakobiec, baryton à la tessiture proche du ténor, en interprètent chacun deux avant de se produire ensemble dans les autres ; les solistes adoptent un style idiomatiques, sans omettre le soupçon de mélancolie requis.
Plus connu et davantage intéressant, An die ferne Geliebte (1815-1816), dédié à une « bien-aimée » dont l’identité reste ouverte aux hypothèses, permet de retrouver en solo Michel Jakobiec, directeur du Conservatoire de musique de Tournai, en partenariat avec le pianiste Philippe Gérard, chef permanent de la Chapelle Musicale de Tournai. Le chanteur recourt à une belle palette de nuances et opte pour une approche intimiste, mais l’émotion peine à surgir.
Dans les oubliables et interminables Lieder allemands (1837) de Spohr, Virginie Malfait exploite judicieusement ses moyens vocaux, dont une belle maîtrise de la ligne, mais l’ampleur de sa voix ainsi que son émission ne lui permettent pas de s’imposer face à ses comparses pianiste et clarinettiste, cette combinaison originale ayant été tentée neuf ans auparavant par Schubert dans Le Pâtre sur le rocher. Ces lieder appellent une prestation vocale plus riche et variée afin de les faire vivre, aussi l’attention tend-elle à se porter vers Charles Michiels dont la prestation est à saluer.
En seconde partie, l’Octuor à cordes (1825) de Mendelssohn tient ses promesses, nonobstant une acoustique véritablement inadéquate. L’interprétant debout, à l’exception naturellement des violoncellistes, la Chapelle Musicale de Tournai, en conjuguant élégance, fraîcheur et insouciance, préserve l’essentiel de ce stupéfiant chef-d’œuvre de jeunesse. Le discours est plutôt allant, mais sans doute trop prudent par moments, tandis que la prestation instrumentale convainc davantage à titre collectif qu’individuel.
La Chapelle Musicale de Tournai se produira le 9 août prochain à la Nuit Musicale de Belœil.
Le site de la Chapelle Musicale de Tournai
Sébastien Foucart
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