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Rencontre au sommet

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
01/15/1999 -  
Johannes Brahms : Concerto pour violon, Symphonie n°2
Arnold Schoenberg : Cinq pièces pour orchestre

Vadim Repin (violon)
Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam, Riccardo Chailly (direction)

Les déplacements en France du Concertgebouw d’Amsterdam sont rares. Donc forcement attendus avec ardeur par un public impatient d’écouter religieusement la légendaire phalange batave. Dans une atmosphère électrique la salle comble du Théâtre des Champs-Elysées frémit à l’arrivée des musiciens de la formation, de son chef et de la star du violon, Vadim Repin, invité de marque d’une soirée qui s’annonce exceptionnelle. Dès les premières mesures, la qualité artistique est à la mesure de l’attente. L’exemplaire cohésion de l’orchestre se fait entendre immédiatement. En véritable artisan de la direction, Riccardo Chailly cisèle le son de chaque pupitre. Interprète aguerri du répertoire contemporain, il sait magnifier les timbres, les associer pour obtenir un ensemble admirable résultant de l’excellence de chaque intervenant. Rien n’est jamais gratuit. Le chef ne succombe pas à la facilité de l’exubérance. Son approche est à la fois intelligente et sensible. Dans le Concerto pour violon de Brahms, il joue clairement la carte de l’accompagnement, s’effaçant avec subtilité derrière un soliste dès lors magnifié par ce tapis de velours savamment déroulé à ses pieds. Vadim Repin peut alors livrer le meilleur de lui-même. Dépassant une virtuosité qui n’est plus à démontrer, le violoniste apporte une coloration tragique à l’oeuvre. Par des attaques abruptes, des sons écorchés, il libère la partition de ses réminiscences classiques. Son approche est clairement moderniste. Le mouvement central bénéficie toutefois de l’intense poésie d’un legato évanescent. C’est beau tout simplement et les mots ne peuvent que réduire cette impression de plénitude qui émane de l’association magique de ces artistes.

Après l’entracte et la désertion de certains auditeurs apparemment uniquement attiré par la présence de Repin, Riccardo Chailly défend audacieusement une musique peu familière aux spectateurs du Théâtre des Champs-Elysées. Il ne s’agit pourtant que des Cinq pièces pour orchestre de Schoenberg, partition éminemment accessible par son superbe travail sur le matériau orchestral, par ses jeu de timbres, ses intéressants changements d’intensité, etc. Mais c’est apparemment trop, malgré l’éblouissante interprétation, pour des auditeurs qui applaudissent poliment en souhaitant vite passer à la suite. Une Deuxième symphonie de Brahms dans laquelle le chef ouvre les vannes et laisse déferler le flot musical de son orchestre. Une ampleur qui n’efface en aucun cas la précision, ni la mesure. Car là encore, c’est le contrôle qui prime. A un tel point que lorsqu’une sonnerie intempestive de portable vient pourfendre l’oeuvre de Brahms, Chailly interrompt l’orchestre d’un seul signe pour reprendre quelques secondes plus tard d’un geste du bras. La concentration est intacte, comme si aucun incident n’était venu perturber leur travail. Et la musique est là, dans toute sa splendeur. Elle vit, respire, se renouvelle perpétuellement grâce à des musiciens inventifs et techniquement irréprochables. La soirée fut donc mémorable et en quittant salle, on se dit que les orchestres auxquels nos oreilles se sont malheureusement habitués sont bien ternes comparés au Concertgebouw. C’est bien dommage...



Olivier Floc’hic

 

 

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