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Sans concessions

New York
Carnegie Hall
05/16/2008 -  
Haydn :Symphonie n° 101 «L’Horloge»
Chostakovitch :Symphonie n° 4, opus 43

Chicago Symphony Orchestra, Bernard Haitink (direction)

Après nous avoir donné un Beethoven aussi dynamique, nerveux et énergique, c’est avec une certaine surprise d’entendre Bernard Haitink aborder Haydn avec autant de respect, voire de sévérité. Pris à un tempo bien modéré, le Presto du premier mouvement peine à décoller, quand à l’Andante qui a donné à cette symphonie son surnom, on cherche vainement signe de l’humour et de la bonne humeur dont Haydn était un maître. Les derniers mouvements sont plus animés mais lorsque l’on arrive au Vivace final, le climat n’est hélas pas établi. Ce sentiment de gène est également renforcé par un choix d’effectif instrumental trop lourd pour ce type d’œuvre. Sans doute Haitink a-t-il voulu équilibrer les masses sonores dans une salle de grande taille comme Carnegie Hall en renforçant les cordes. Le fait est que les tuttis manquent de clarté et la ligne mélodique se perd par moments.


Dans la seconde partie, ce problème ne se pose plus. Chostakovitch utilise un orchestre moderne dont Haitink connait bien les ressorts. Et quelle œuvre magistrale qu’est cette Quatrième Symphonie, écrite au même moment que la Lady Macbeth qui lui attira les foudres de Staline. Le premier mouvement fait partie des ses pièces les plus sombres et désespérées. Le musicien russe pousse son orchestre dans des équilibres instrumentaux aux couleurs acres et tranchantes, culminant dans une série de tuttis dissonants à l’extrême. Le court moderato suivant offre un bref repos avant que un Largo démarrant dans un esprit proche du Chant de la Terre de Mahler, avant que ne reviennent des fanfares grinçantes puis une conclusion plus calme dans laquelle résonne toujours une angoisse sourde. C’est probablement une des œuvres dans lesquelles le compositeur livre un des messages les plus personnels et les plus directs.


L’orchestre Symphonique de Chicago est bien le « super-orchestre » qu’il faut pour rendre justice à une partition aussi exigeante. La petite harmonie très mise à contribution dans cette œuvre est de premier ordre et Chicago a probablement le plus beau pupitre des cordes de tous les Etats-Unis. Mais cette virtuosité est canalisée par le chef Hollandais qui trouve une extraordinaire variété de couleurs dans l’œuvre, évoquant ainsi une certaine violence stravinskienne et la désolation de pages d’un Sibelius.


A défaut de respecter une certaine tradition qui cherche à retrouver et honorer les références historiques d’une époque si troublée, Haitink et ses musiciens se concentrent sur les qualités musicales de l’œuvre, retrouvant ainsi l’universalité du message du compositeur avec d’autant plus de force et d’éloquence.



Antoine Leboyer

 

 

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