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Eloge du rythme Paris Salle Pleyel 05/17/2008 - Maurice Ravel : Boléro
George Gershwin : Concerto en fa
Igor Stravinski : Le Sacre du printemps
Alan Gampel (piano)
Orchestre Pasdeloup, Wolfgang Doerner (direction)
«Rythme», le titre était tout trouvé pour le dernier concert de la saison de l’Orchestre Pasdeloup: deux des plus grands ballets du siècle passé entourant un concerto pour piano dont le caractère dansant a inspiré des adaptations chorégraphiques. C’est le Boléro (1928) de Ravel, d’ordinaire réservé pour l’apothéose finale, qui ouvre le programme. Une fois n’est pas coutume, Wolfgang Doerner, doit donc renoncer à l’une de ses habitudes: lancer l’orchestre sans avoir attendu la fin des applaudissements. Plus suave et indolent qu’implacable, ce Boléro est servi par des soli (presque) tous irréprochables.
L’anecdote est connue: à Gershwin qui lui demandait de lui donner des leçons, Ravel aurait rétorqué qu’à comparer leurs revenus respectifs, c’était plutôt lui qui avait à apprendre de son confrère américain. Exact, agile et mordant, pas bateleur d’estrade pour deux sous, le pianiste américain Alan Gampel livre une interprétation très complète du Concerto en fa (1925), faisant ressortir aussi bien ce que cette musique a hérité de Rachmaninov que ce dont Ravel, quelques années plus tard, saura faire son miel dans ses propres concertos. Un cocktail qui fonctionne toujours aussi bien, à en juger par l’ovation qui jaillit spontanément à la fin du premier mouvement.
En 1913, Stravinski n’est pas encore influencé par le jazz, mais il n’en pose pas moins, avec Le Sacre du printemps, un jalon essentiel dans l’histoire de l’émancipation du rythme. Comme dans Petrouchka en novembre dernier (voir ici), la précision n’est pas toujours au rendez-vous et la mise en place tangue parfois, avec en particulier un sérieux flottement dans la «Glorification de l’élue» et un décalage généralisé à la fin de la «Danse sacrale». Chef élégant de nature, Doerner semble avoir fait sien le fameux mot de Debussy: «C’est de la musique sauvage avec tout le confort moderne». Il accentue donc le lyrisme des «Rondes printanières», mais sans pour autant s’enliser dans l’inertie, témoin ce «Jeu du rapt» tendu et tranchant. Bref, le public du samedi après-midi, s’il n’est pas celui des soirs de semaine, n’est pas trompé sur la marchandise et peut continuer, aux Concerts Pasdeloup, à venir entendre ou réentendre dans de bonnes conditions les grandes pages symphoniques.
Le site d’Alan Gampel
Simon Corley
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