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Exigences

Paris
Musée d’Orsay
05/13/2008 -  
Arnold Schönberg : Drei Klavierstücke, opus 11
Johannes Brahms : Sonate n° 3, opus 5

Romain Descharmes (piano)


Tout au long de la saison musicale du Musée d’Orsay, le thème «Héritage, tradition et filiation» constitue un fil conducteur parmi les différents cycles de concerts, y compris ceux de midi trente. Proposant une association Schönberg/Brahms, programme exigeant pour lui comme le public, auquel il prend soin de le présenter de façon toutefois un peu trop improvisée, Romain Descharmes se situait au cœur du sujet: Schönberg, dans un célèbre article intitulé «Brahms, le progressiste» (1947), a en effet rendu un hommage aussi retentissant qu’inattendu à son aîné, dix ans après avoir orchestré son Premier quatuor avec piano.


Cela faisait au demeurant bien longtemps qu’il avait tiré parti du legs brahmsien, renonçant ainsi dans sa musique pour piano aux canons anciens pour reprendre à son compte la petite forme que Brahms, abandonnant la sonate dès l’âge de vingt ans, avait portée à la perfection dans ses ultimes Klavierstücke. C’est précisément le titre que donne Schönberg à ses trois pièces de l’Opus 11. Cela étant, Romain Descharmes, premier prix du Concours de Dublin en 2006, dix-huit ans après Philippe Cassard, souligne la modernité du recueil davantage que sa dimension brahmsienne, y compris dans la pièce centrale, dont il n’accentue pas le caractère postromantique.


Brahms a placé en exergue du deuxième mouvement (Andante espressivo) de sa Troisième sonate (1853) l’extrait d’un poème de C. O. Sternau (alias Otto Inkermann) qui rappelle étrangement... La Nuit transfigurée. Avec puissance et agilité, Romain Descharmes surmonte l’immense difficulté technique de la partition. Plus construite et souveraine que se laissant aller à la spontanéité ou aux effusions, son interprétation ne manque pas pour autant de couleur, de sensibilité ou de chaleur. Bien au-delà des réminiscences schumanniennes (Scherzo) ou beethovéniennes (Intermezzo), il met en valeur la modernité du propos et, si la virtuosité n’est pas son souci exclusif, elle trouve à s’exprimer dans les dernières pages, portées par un formidable élan libérateur.


Considérant que lui comme le public ont «besoin de quelque chose de plus léger», le pianiste offre en bis l’une des innombrables Etudes de Friedrich Burgmüller (1806-1874), un répertoire qui, après le récent enregistrement que Jean-Frédéric Neuburger à consacré à Czerny chez Mirare (voir ici), semble devoir sortir de l’oubli.


Le site de Romain Descharmes



Simon Corley

 

 

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