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Impressions et passions Normandie Deauville (Salle Elie de Brignac) 04/25/2008 - Béla Bartok: En plein air, Sz. 81
Claude Debussy: Les fées sont d’exquises danseuses – Ce qu’a vu le vent d’ouest – Quatuor à cordes, opus 10
Robert Schumann: Quintette pour piano et cordes, opus 44
David Kadouch (piano), Quatuor Ebène: Pierre Colombet, Gabriel Le Magadure (violon), Mathieu Herzog (alto), Raphaël Merlin (violoncelle)
On ne pouvait discerner qu’avec peine le lien entre les pièces choisies pour le troisième concert du festival de Pâques de Deauville mais on ne s’en plaindra pas trop, la programmation de l’ensemble du festival étant encore une fois cette année parfaitement équilibrée entre Lully et Kurtag. Il s’agissait surtout de réunir des jeunes artistes complémentaires dans l’esprit du festival: mettre, dans la capitale du cheval, le pied à l’étrier aux carrières de demain.
La première œuvre, En plein air, série de cinq pièces composée en 1926 par Béla Bartok, était interprétée par un pianiste de vingt-deux ans tout à fait prometteur, David Kadouch. Si la première pièce, «Avec tambours et fifres», a paru quelque peu brutale sous ses doigts et la «Barcarolle» comme les «Musettes» plus lourdes que dansantes, les «Musiques nocturnes» furent aussi inquiétantes que des forêts hantées et peuplées de hiboux menaçants et annonçaient l’impressionnisme des pages suivantes avant que la «Poursuite», impétueuse, ne balaye tout.
David Kadouch poursuivait son programme par deux pièces de Claude Debussy constituant une transition vers son quatuor, extraites respectivement du Second livre (1913) et du Premier livre (1910) des Préludes: «Les fées sont d’exquises danseuses» et «Ce qu’a vu le vent d’Ouest». Dans la première, rapide et légère, le jeune pianiste eut tendance à abuser de la pédale, rendant les basses assourdissantes. Le défaut parut moins gênant dans la seconde pièce, animée et tumultueuse. Le Quatuor Ebène prit immédiatement le relais pour interpréter le Quatuor de Debussy (1893). D’une grande homogénéité et d’une probité exemplaire, malgré des attaques du premier violon un peu dures et un violoncelle parfois gras dans le deuxième mouvement, il sut éviter d’en faire trop, notamment dans l’Andantino, doucement expressif.
Après une des œuvres les plus novatrices du chantre de la musique française suivait, après la pause, celle, passionnée, d’un chantre de la musique allemande, le Quintette avec piano de Robert Schumann (1843), déjà présenté à Deauville en avril 2006 (voir ici). Si le Quatuor Ebène confirmait ses qualités, le premier violon étant cependant moins précis dans le finale, il fallut déplorer des problèmes de mise en place entre piano et cordes dans ces pages tantôt religieuses tantôt incandescentes et passionnées, d’une formidable unité malgré leurs changements d’humeur.
Le public obtint sans peine la reprise du finale de la part des musiciens, certes jeunes mais dotés à l’évidence, en dehors d’une technique impressionnante, de très hautes exigences professionnelles.
Stéphane Guy
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