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Myung-Whun Chung dans l’Au-Delà

Paris
Salle Pleyel
04/11/2008 -  
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour piano n°17 en sol majeur, K. 453
Olivier Messiaen : Eclairs sur l’Au-Delà

Roger Muraro (piano)
Orchestre Philharmonique de Radio France, Myung-Whun Chung (direction)


Associer Messiaen et Mozart, pour ces trois premiers concerts - il y en aura cinq à l’automne - du centenaire donnés par Myung-Whun Chung et le Philhar’ allait de soi. Le compositeur ornithologue ne disait-il pas que les seuls Concertos qui vaillent étaient ceux du maître de Salzbourg ? Il reste que le chef coréen, après une Symphonie concertante pour vents fort médiocre, n’est pas davantage l’homme de la situation dans le Dix-septième Concerto pour piano. Travaillera-t-il davantage la Quarantième Symphonie pour le troisième concert ?


L’accompagnement du Concerto, en effet, s’avère de nouveau mou et paresseux, sans la moindre saveur, avec des cordes sèches et incolores. Roger Muraro, quand il ne joue pas, se tourne vers l’orchestre comme s’il voulait moins l’écouter que l’entraîner, gêné par cet accompagnement qui n’est qu’un accompagnement et qui ne le porte pas. Lui-même paraît parfois intimidé, beaucoup plus libre dans le Premier Prélude de Messiaen donné en bis, superbe de fantaisie et d’imagination. On n’en admire pas moins, dès l’Allegro initial, la limpidité de son jeu, ses colorations subtiles, sans poudre ni perruque. Dans l’Andante, le toucher s’approfondit, se densifie, donnant du poids aux phrases qu’il conduit jusqu’à leur terme, ne cédant pas à la tentation de l’articulation trop perlée. L’Allegretto est volubile, léger mais consistant, laissant une dernière fois regretter que le chef ne dirige pas la même partition.


Comme pour le premier concert, Myung-Whun Chung a visiblement consacré tous ses efforts à l’œuvre de Messiaen, en l’occurrence Eclairs sur l’Au-Delà pour un orchestre de plus de cent vingt musiciens, achevé en 1991, qu’il connaît parfaitement et dont il a laissé un très bel enregistrement, consécutif à la première française. C’est lui, en effet, qui l’a révélé aux Parisiens en octobre 1993, après la création new-yorkaise en novembre 1992 sous la direction de Zubin Mehta. Il dirigeait alors, à Bastille, l’orchestre de l’Opéra ; Paris, depuis, n’a pas réentendu ces Eclairs.


Disons-le d’emblée : le Philhar’ et son chef ont accompli ici un remarquable travail. Après Mozart, les cordes retrouvent leur chair et leur sang, en particulier dans « Demeurer dans l’amour » ou « Le Christ, lumière du paradis », où elles s’abîment dans la contemplation, comme dans la « Prière du Christ montant vers son père » de L’Ascension qui les avait vraiment inspirées la semaine précédente. Quant à « Plusieurs oiseaux des arbres de la vie », il révèle de la part des bois une virtuosité impressionnante sous la conduite d’un chef dominant parfaitement cet enchevêtrement de lignes et de rythmes. Mais les cuivres, dans le choral initial de « Apparition du Christ glorieux » sont tout aussi remarquables d’homogénéité et de rondeur. On saluera enfin la performance des percussionnistes, très souvent sollicités dans cette longue composition où Messiaen se souvient également d’Et exspecto.


Bref, Myung-Whun Chung confirme l’intimité qu’il entretient avec l’œuvre du musicien français, parvenant à se défaire de la sécheresse et de la froideur dont il est malheureusement coutumier dans le répertoire romantique. Il sait ici déployer un éventail dynamique à la mesure des exigences de la partition, ne pas se montrer seulement impeccable technicien, mais aller plus loin que les notes, s’abandonner à la musique, qu’elle soit jubilatoire ou extatique. L’impression de longueur que l’on peut parfois éprouver à l’écoute de ces Eclairs sur l’Au-Delà, où Messiaen, toute révérence gardée, se prolonge plus qu’il ne se renouvelle – son dernier chef-d’œuvre faisant appel à l’orchestre reste l’opéra Saint François d’Assise -, s’émousse ainsi plus facilement que l’orchestre et le chef semblent communier dans la musique.



Didier van Moere

 

 

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