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Attachantes imperfections

Paris
Musée d’Orsay
04/12/2008 -  
Florent Schmitt : Quatuor, opus 112
Quatuor Debussy: Christophe Collette, Marie Charvet (violon), Vincent Deprecq (alto), Alain Brunier (violoncelle)


Avant-dernier des six week-ends «Portes ouvertes» de Radio France au Musée d’Orsay, déjà, avec l’un des moments les plus attendus de cette série de concerts associant à l’intégrale des Quatuors de Beethoven par les Ysaÿe les fleurons du répertoire français pour quatuor. Le Quatuor Debussy, qui a semble-t-il à nouveau changé de second violon, Marie Charvet, membre de l’ensemble Ars nova, ayant pris la place que Dorian Lamotte occupait encore voici seulement quelques semaines en ce même lieu (voir ici), s’attaquait en effet à un mythe fascinant, tant par sa rareté que par son ampleur ou même son étrange tonalité (sol dièse mineur), le Quatuor (1947) de Florent Schmitt.


Au milieu du siècle passé, le genre n’a apparemment rien perdu, pour certains, de son caractère intimidant, puisque c’est sur le tard (soixante-dix sept ans), comme Fauré ou Saint-Saëns, que Schmitt se résout à l’aborder. Quatre grands mouvements, comme si le Quatuor de Ravel avait été étendu aux dimensions de celui de Franck (trois quarts d’heure), portant chacun un titre et non une indication de tempo, qu’il décrit dans une longue introduction publiée avec la partition. De Beethoven, puisque la programmation incite au rapprochement, on retrouvera ici bien sûr la dimension monumentale mais aussi, comme une sorte de «Muss es sein?», cette manière de poser des questions (phrases ascendantes du violoncelle au début de l’Elan conclusif) qui trouvent des réponses résolument combatives.


1947, l’année du Visage nuptial de Boulez ou de la Sonate pour piano de Dutilleux: s’il va sans dire que Schmitt ne regarde pas dans la direction tracée par ses cadets, il ne se complaît pas pour autant dans un confort passéiste. De même que bon nombre ont fait l’impasse sur Beethoven au XIXe, il ignore certes le corpus essentiel laissé par Bartok, disparu deux ans plus tôt, encore que l’inventivité rythmique et l’ironie de Jeu puissent évoquer le compositeur hongrois. Mais le propos se révèle souvent âpre, complexe, foisonnant et même touffu, notamment dans le premier mouvement (Rêve). Le sommet expressif est cependant atteint dans le mouvement lent, intitulé In memoriam. même si Schmitt, avec son humour coutumier, prend lui-même la précaution de désamorcer tout pathos («In memoriam... de grands Morts [...] et, par anticipation, d’autres grands Morts encore à naître...»), la mélodie qui naît sur un glas de deux notes égrenées par le second violon et une lancinante figure pointée de l’alto s’enfle jusqu’à atteindre une puissance véritablement symphonique, tandis que le chant se mue en cri.


Certaines oeuvres sont attachantes et émouvantes jusque dans leurs imperfections et il faut donc rendre hommage à Pierre Korzilius d’avoir osé offrir au public parisien ce Quatuor, témoignage d’une inquiétude, dont on ne sait si elle tient au temps ou à l’âge, en même temps que d’une force créatrice intacte.


Le site du Quatuor Debussy



Simon Corley

 

 

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