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Myung-Whun Chung dans l’intimité de Messiaen

Paris
Salle Pleyel
04/04/2008 -  
Olivier Messiaen : Et exspecto resurrectionem mortuorum – L’Ascension
Wolfgang Amadeus Mozart : Symphonie concertante pour hautbois, clarinette, cor et basson, K. 297b

Hélène Devilleneuve (hautbois), Jérôme Voisin (clarinette), Antoine Dreyfuss (cor), Jean-François Duquesnoy (basson)
Orchestre Philharmonique de Radio France, Myung-Whun Chung (direction)


Dédicataire et créateur du Concert à quatre, Myung-Whun Chung a beaucoup travaillé avec Messiaen et occupe une place privilégiée parmi ses interprètes. Ses enregistrements à la tête de l’Orchestre de l’Opéra ou du Philharmonique de Radio France se situent au sommet de la discographie. Il était donc, en France, le plus habilité à orchestrer, avec le Philhar’, les manifestations du centenaire à la salle Pleyel, qui ont commencé avec Et exspecto resurrectionem mortuorum et L’Ascension, pour culminer le 31 octobre avec le grandiose Saint François d’Assise.
C’est la première fois que Myung-Whun Chung dirige Et exspecto. On salue d’emblée la rigueur de la mise en place, notamment la gestion des silences, essentiels ici, l’homogénéité des couleurs très spécifiques de la partition, les dosages dynamiques, toujours difficiles avec un tel effectif, la qualité des vents et des percussions du Philhar’. Il manque néanmoins un peu à ce rituel la dimension du mystère, le frisson du sacré, l’ensemble laissant une certaine impression de froideur et la dernière partie manquant un peu de majesté. En accuser le chef serait un peu injuste : Et exspecto était, dans l’esprit de Messiaen, lié à un cadre – une église, le glacier de la Meije – et à une acoustique. Sans demander à la salle Pleyel de rappeler la Sainte Chapelle ou la cathédrale de Chartres, force est de constater qu’elle ne constitue peut-être pas le cadre idéal pour ce genre d’œuvre, qui appelle un espace susceptible de faire écho, par ses couleurs, à une musique chromatique dans son essence.
On est en tout cas à cent coudées au-dessus de la Symphonie concertante pour instruments à vent de Mozart, pâteuse et pataude, ni d’hier ni d’aujourd’hui, sans esprit ni grâce. Les excellents solistes de l’orchestre, peu portés par l’accompagnement, ne donnent pas la pleine mesure de leur talent.
Avec L’Ascension, qu’il connaît sur le bout de sa baguette, Myng-Whun Chung revient sur des terres plus familières, même s’il pourrait davantage situer ces quatre « méditations symphoniques » datant de 1932-1933 dans la filiation debussyste – on pense au Martyre de saint Sébastien – ou dans la continuité de Dukas, le maître de Messiaen – on pense à La Péri. Cela dit, « Majesté du Christ demandant sa gloire à son Père », malgré un rien d’acidité du côté des trompettes, a toute la majesté solennelle qu’appelle le choral de cuivres. « Alleluias sereins d’une âme qui désire le ciel », en revanche, met bien en relief la qualité des bois de l’orchestre, avec des couleurs et des plans sonores parfaitement composés. « Alleluia sur la trompette, alleluia sur la cymbale » a ensuite l’éclat de l’acier et baigne dans une lumière jubilatoire, le chef construisant une remarquable chorégraphie de rythmes. « Prière du Christ montant vers son Père », enfin, témoigne d’un beau travail sur les cordes – on se demande si on a bien entendu les mêmes dans Mozart – qui semblent presque atteindre à l’extase éperdue du Christ ébloui.



Didier van Moere

 

 

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