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Marianne Fiset enflamme le Château d’Enghien

Bruxelles
Château d’Enghien
04/05/2008 -  
Jacques Brel : Amsterdam – Quand on a que l’amour (arrangement Raoul Duflot-Verez) (*)
Serge Prokofiev : Etude pour piano, opus 2 n°4 (*)
Gioacchino Rossini : La Regata veneziana
Franz Liszt : Tre Sonetti di Petrarca
Serge Rachmaninov : Nié poï, krasavitsa pri mnie, opus 4 n° 4 – Zdes’ khorocho, opus 21 n° 7 – Siren, opus 21 n° 5 – Palubila ja na petchal svaju, opus 8 n° 4 – Ja zhdu tebya, opus 14 n° 1
Piotr Ilyich Tchaïkovsky : Scène de la lettre (extrait de Eugène Onéguine)

Baptiste Mathy (*) (piano), Marianne Fiset (soprano), Marie-Eve Scarfone (piano)


Après s’être tenu à deux reprises au Château de Morval à Gondregnies, lors de l’inauguration ainsi que le lendemain, le Printemps musical de Silly prend ses quartiers au Château d’Enghien. Un seul concert sera donné durant la dixième édition du festival dans cette belle demeure, construite en 1913, qui accueille également, durant l’été, les Rencontres Musicales d’Enghien.


Le Printemps musical de Silly accorde une attention particulière aux jeunes musiciens et c’est dans cette optique que le public a pu découvrir, à l’occasion de cette soirée, un véritable enfant du pays, Baptiste Mathy, qui depuis dix ans étudie à l’Académie de Musique d’Enghien (solfège, guitare et piano). Les quelques instants passés avec lui permettent d’apprécier son aptitude à susciter l’émotion dans deux arrangements, qui se suffisent à eux-mêmes, d’Amsterdam et de Quand on a que l’amour de Jacques Brel. Le jeune homme ne semble aucunement en difficulté dans la Quatrième Etude de l’Opus 2 de Serge Prokofiev, un Presto energico n’offrant aucun répit au pianiste qui maintient le rythme de bout en bout.


Ce sont toutefois deux Québécoises qui occupent le haut de l’affiche pour le reste de ce récital, consacré au chant, ce qui rappelle par ailleurs le partenariat qui unit depuis plusieurs années le Printemps Musical de Silly avec l’Office du Québec et le Centre d’Arts d’Orford. Artiste en résidence cette année à Radio Canada, Marianne Fiset a remporté plus d’un prix dans son pays natal, dont en mai 2007 le Premier Grand Prix du Concours Musical International de Montréal, et a été nommée Jeune Soliste 2008 par les Radios Francophones Publiques.


La soprano, qui effectue sa première prestation en Europe, introduit elle-même, avec sympathie et enthousiasme, l’argument de La Regata veneziana de Rossini. Elle y révèle d’amblée, outre une belle maîtrise vocale, un indéniable sens dramatique ainsi qu’une aptitude certaine à se mettre en scène. Membre de l’Atelier Lyrique de l’Opéra de Montréal, Marie-Eve Scarfone semble prendre beaucoup de plaisir dans sa partie de piano mais elle aura davantage matière a démontrer sa maîtrise du clavier avec les Trois Sonnets de Pétrarque de Liszt dans lesquels Marianne Fiset témoigne de son tempérament ainsi l’étendue de sa technique ; les aigus sont solides et bien négociés, le médium riche et expressif.


La seconde partie sera entièrement russe, la soprano prouvant ainsi son habilité à changer de registre et, surtout, à tirer de sa voix des couleurs idiomatiques. Les cinq mélodies de Rachmaninov le prouvent aisément, mais plus encore la Scène de la lettre tirée d’Eugène Onéguine de Tchaïkovsky. Pouvant compter sur le soutien de son accompagnatrice, Marianne Fiset met à profit une voix ample, puissante et nuancée dans une prestation remarquable d’engagement. Et c’est à Marie-Nicole Lemieux, sa consœur également québécoise, qu’elle fait immanquablement penser : on y retrouve cette même joie de chanter et ce petit plus qui fait les chanteuses dont on retient le nom.


Le prochain concert du Printemps Musical de Silly aura lieu à l’Eglise de Bassily le 12 avril prochain : l’Orchestre Royal du Chambre de Wallonie se produira dans un programme Boccherini, Vivaldi, Wolf et Rota (avec la soprano Marie de Roy).



Sébastien Foucart

 

 

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