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Pour une autre fois Paris Salle Pleyel 04/01/2008 - Richard Wagner : Die Meistersinger von Nürnberg (Prélude de l’acte III, Danse des apprentis) – Wesendonck-Lieder (orchestration Felix Mottl) – Götterdämmerung (Aube et Voyage de Siegfried sur le Rhin, Marche funèbre de Siegfried, Immolation de Brünnhilde)
Petra Lang (soprano)
Rundfunk-Sinfonieorchester Berlin, Marek Janowski (direction)
Directeur musical de l’Orchestre de la Suisse romande depuis septembre 2005, Marek Janowski est déjà par ailleurs depuis 2002 directeur artistique et chef principal de l’Orchestre symphonique de la Radio de Berlin, avec lequel il effectue actuellement une tournée européenne (Allemagne, Pays-Bas, France, Liechtenstein et Suisse). Située jusqu’en 1989 dans la partie de la ville sous contrôle soviétique, cette formation fut, au tournant des années 1950, celle de Hermann Abendroth, à ne pas confondre avec l’ancien Berliner Sinfonie-Orchester de Kurt Sanderling (devenu en 2006 Berliner Konzerthausorchester). Outre l’intérêt de pouvoir entendre cet ensemble, plus rare dans la capitale que d’autres phalanges germaniques, ce concert, pourtant quelque peu boudé par le public, valait le déplacement pour son programme wagnérien, réservé à Paris (alors que les autres étapes sont consacrées à Beethoven, Brahms, Schumann, R. Strauss et Prokofiev), certes ni très long ni très original, mais dans lequel la venue du chef allemand était prometteuse.
En effet, auteur d’un enregistrement du Ring (réalisé à Dresde pour RCA) avant même d’entamer ses seize années à la tête du Philharmonique de Radio France, il a ensuite largement servi l’oeuvre de Wagner à Paris: on se souvient bien sûr d’un Ring et d’un Tristan présentés par ailleurs à Orange, mais aussi de Maîtres chanteurs (1867) au Châtelet dans une mise en scène fort contestée de Claude Régy. Et c’est par le Prélude au troisième acte, choisi comme bis d’adieu à Paris après une mémorable Huitième de Bruckner en janvier 2000 en cette même Salle Pleyel (voir ici), que débutait cette soirée (et non par le Prélude au premier acte, comme pourtant annoncé dans le programme de salle).
Comme de coutume avec Marek Janowski, c’est sans pathos excessif que se fait cette introduction à la méditation de Sachs, de même que la «Danse des apprentis», également tirée du troisième acte, apparaît davantage tenue que pittoresque. Mais ces deux courtes pages n’en permettent pas moins de mettre en valeur une cohésion et une profondeur de son bien caractéristiques des orchestres allemands. En seconde partie, les extraits orchestraux du Crépuscule des dieux (1874) – «Voyage de Siegfried sur le Rhin» et «Marche funèbre» – impressionnent tout autant, mais sans parvenir à émouvoir davantage ou à suggérer l’épopée ou la poésie. Reste une très belle démonstration instrumentale, où pas une des six harpes requises ni même le cor du héros depuis le second balcon ne manquent à l’appel et où, surtout, l’ensemble des pupitres de cuivres, riches des rares tubas, trompette basse et trombone contrebasse, se couvrent de gloire, d’une impeccable précision dans leurs attaques.
Dans la scène finale de l’opéra, comme en première partie dans les Wesendonck-Lieder (1858), Petra Lang appelle les mêmes éloges mais suscite aussi les mêmes sentiments que l’orchestre: sa prestation vocale est aussi altière que son port, aussi sculpturale que sa plastique. Un style inattaquable, un legato somptueux (tendant même à s’exagérer en portamento), une puissance à toute épreuve et une égalité de timbre sur l’ensemble de sa vaste tessiture forcent l’admiration, mais donnent l’impression qu’elle demeure trop en retrait quant à l’expression. L’accompagnement de Janowski se révèle, sans surprise, hors pair, avec un embrasement final du plus bel effet, concluant un spectacle de grande qualité auquel il aura simplement manqué un peu de passion.
Le site de l’Orchestre symphonique de la Radio de Berlin
Le site de Petra Lang
Simon Corley
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