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Défi lisztien

Paris
Musée d’Orsay
03/30/2008 -  
Ludwig van Beethoven : Symphonie n° 5, opus 67 (transcription Franz Liszt)

Georges Pludermacher (piano)


En ce dimanche du troisième des six week-ends «Portes ouvertes» que Radio France présente au Musée d’Orsay sur le thème «Beethoven à Paris», les annulations tombent comme la pluie à l’extérieur: le matin, celle de la projection de La Dixième symphonie d’Abel Gance; en début d’après-midi, celle de la participation de Shani Diluka, souffrante, à l’intégrale des Symphonies transcrites par Liszt. Mais, c’est promis, on cherche déjà une date, peut-être dès le 5 avril, pour que la Quatrième ne manque finalement pas à cette rare et ambitieuse entreprise, qui fait figure de véritable événement.


Voici plus de vingt ans, la jeune génération du piano français, rassemblée par Jacques Drillon chez harmonia mundi, avait enregistré ces neuf Symphonies, Paul Badura-Skoda s’étant joint à l’aventure pour la Cinquième. La Troisième avait alors été confiée à Georges Pludermacher, qui l’a à nouveau donnée la semaine passée: seul pianiste à apparaître à plusieurs reprises au fil de ces week-ends, il s’est par ailleurs joint à Alan Gampel voici deux semaines dans la Cinquième (1808) réduite à quatre mains par Czerny et c’est à cette même œuvre, première adaptée et publiée par Liszt (dès 1840), qu’il s’attaquait seul. S’attaquer, le terme n’est pas trop fort, car à l’issue de la lutte avec une partition dont même la reliure récalcitrante donne du fil à retordre au tourneur de pages, Pludermacher semble quasiment K. O., tardant à se lever de son tabouret pour saluer le public.


On comprend aisément que peu osent se mesurer en concert au travail effectué par Liszt: s’il avait certes pour objectif de favoriser la diffusion de ces Symphonies, il ne s’est évidemment pas contenté, comme on le faisait à l’époque, d’offrir aux amateurs une réduction accessible à leurs moyens techniques, mais il a conçu à la mesure de sa propre virtuosité ce qu’on n’ose même plus qualifier d’arrangements ou de transcriptions, tant son écriture paraît d’essence pianistique. Il faut bien sûr faire son deuil des couleurs instrumentales, mais la difficulté de ces pages impose à l’interprète une performance dont la nature physique ne souligne que davantage la force et l’élan de cette Cinquième, comme ce déferlement d’octaves aux deux mains dans le Trio du Scherzo.


Pour aborder un tel monstre, il faut donc non seulement avoir des doigts et de la puissance, mais faire preuve de ruse, notamment dans la gestion des tempi: il s’agit en effet de trouver le bon équilibre entre le souci de jouer (bien) le maximum de ce qui est écrit et la difficulté de soutenir au piano les phrases lentes des bois (solo de hautbois dans l’Allegro con brio initial) ou les longues tenues (pianissimo) des cordes (Andante con moto). Même si certaines notes manquent ou tombent à côté, Pludermacher relève tous ces aspects d’un défi qui se poursuivra au cours des trois prochains week-ends avec Michaël Levinas (Sixième «Pastorale»), Olivier Besnard (Septième), Bertrand Chamayou (Huitième) et Maurizio Baglini (Neuvième, avec le Chœur de Radio France).



Simon Corley

 

 

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