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Les voix de l’Elysée Tournai Conservatoire de Musique 03/29/2008 - Vincent d’Indy : Quatuor à cordes n°2, opus 45
Joseph Haydn : Quatuor à cordes, opus 76 n°1
Claude Debussy : Quatuor à cordes, opus 10
Quatuor Elysée : Christophe Giovaninetti, Marc Vieillefon (violon), Christophe Gaugué (alto), Igor Kirichenko (violoncelle)
Dernier concert de la sixième édition du festival “Les Voix Intimes” dont la thématique choisie cette saison aura permis d’entendre, en l’espace de cinq concerts donnés dans divers lieux de Tournai, des grands quatuors français et wallons écrits autour de 1900 (Fauré, Ravel, Debussy, Franck, Chausson), mais également d’autres pages moins fréquentées signées Lekeu, Jongen et d’Indy, et qui aura même vu la création d’une œuvre de Rolande Falcinelli. Wolf, Ligeti, Mozart et Haydn n’ont pas été oubliés pour autant. Après les Quatuors Scaldis, Voce, Ysaÿe et Spiegel, voici le Quatuor Elysée, fondé en 1995 par d’anciens membres des Quatuors Anton (alto et violoncelle) et Ysaÿe (premier violon). Toutefois, Christophe Gaugué, alto solo de l’Orchestre Philharmonique de Radio France, remplace pour l’occasion Dimitri Khlebtsevitch.
Un élève de César Franck pour débuter la soirée : l’idée est bonne dans la mesure où Vincent d’Indy, s’il s’inscrit logiquement dans le cadre fixé cette saison par les organisateurs (même s’il s’opposa par la suite à son illustre professeur) est de nos jours peu joué, en particulier sa musique de chambre. Contemporain d’Istar, son Deuxième Quatuor à cordes (1897), dédié à Guy Ropartz, fait partie de la première période « chambriste » (1878-1904) du compositeur, la seconde s’étalant de 1925 à 1929, et revendique l’héritage laissé par le monumental Quatuor de Franck, en particulier le principe cyclique. Quatre mouvements, d’une inventivité mélodique et d’une variété rythmique intéressantes, parcourus par la formation franco-russe avec un engagement palpable et beaucoup de verve. La lecture est soutenue et dense, mais l’opacité d’ensemble et le manque de moelleux laissent sur sa faim.
L’incontournable Joseph Haydn, qui donna au genre ses lettres de noblesses, n’aura été représenté cette saison qu’avec le Premier Quatuor de l’Opus 76 (1797) dédié au comte Erdödy. Les musiciens lui confèrent envergure, robustesse et fougue, option bien évidemment défendable bien qu’il faille regretter, outre quelques défaillances ici et là, en particulier chez le premier violon, une sonorité brute et une cohésion trop souvent prise en défaut (qui s'explique sans doute en partie par le remplacement de l'altiste).
Le Quatuor Elysée entame en seconde partie le Quatuor (1891) de Debussy en installant d’amblée le climat adéquat et le ton juste. Pour investie qu’elle soit, leur approche, que l’on aurait souhaité plus aérée, ne restitue que trop peu la fluidité des lignes et il est sans doute possible d’atteindre une plus belle fusion de timbres. Mais les musiciens recourent à une suffisamment vaste palette de nuances et laissent transparaître beaucoup de sensibilité.
Le public, qui n’est malheureusement pas venu en nombre, est remercié avec une Romance de Rachmaninov. Les grands quatuors à cordes russes, cela pourrait une idée à retenir pour une prochaine édition des « Voix intimes », institution culturelle picarde dont l’ouverture d’esprit n’est pas le moindre mérite.
Le site du Quatuor Elysée
Sébastien Foucart
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