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Encombrants héritages

Paris
Sorbonne (Amphithéâtre Richelieu)
03/28/2008 -  
Johannes Brahms : Andante ma moderato du Sextuor n° 1, opus 18 (*)
Paul Hindemith : Ouvertüre zum «Fliegenden Holländer» wie sie eine schlechte Kurkapelle morgens um 7 am Brunnen vom Blatt spielt
Arnold Schönberg : Verklärte Nacht, opus 4 (*)

Sarah Nemtanu, Laurent Manaud-Pallas (*) (violon), Sabine Toutain, Teodor Coman (*) (alto), Raphaël Perraud, Alexandre Giordan (violoncelle)


Wagner, Brahms, Schönberg, Hindemith: quatre générations de compositeurs germaniques, et tout ce que ces encombrants héritages peuvent comporter de révérence et de conflits: avec ce programme donné par les chefs des pupitres de cordes de l’Orchestre national, la saison 2008 des «Concerts de midi» à la Sorbonne présentée par Jean-Pierre Bartoli a plus que jamais mérité son sous-titre, «D’une génération l’autre».


Du deuxième mouvement de son Premier sextuor (1860), Brahms a lui-même réalisé une adaptation pianistique, légitimant ainsi la présentation – ici fougueuse et expansive à souhait – de ce seul Andante ma moderato à variations. Dans son Ouverture du «Vaisseau fantôme», telle qu’un mauvais orchestre de casino la déchiffre le matin, à sept heures, autour d’une fontaine (1925) pour quatuor à cordes, Hindemith bien évidemment ses comptes avec Wagner, même s’il est également possible qu’il ait entendu viser dans cette parodie aussi bien les extrémistes de la modernité que les adeptes des références populaires, avec l’apparition d’une valse à la Waldteufel peu avant la fin, ou même la médiocrité des instrumentistes. Pas de risque en l’espèce, la performance des solistes du National paraissant d’autant plus remarquable qu’il est difficile de bien jouer cette musique aussi mal qu’elle le requiert.


Avec la La Nuit transfigurée (1899), Schönberg opère l’impossible réconciliation de Brahms et Wagner, associant schématiquement le souci de la forme (et la formation instrumentale) de l’un au langage de l’autre. Et, comme dans le Sextuor de Brahms ou dans l’Ouverture du Vaisseau fantôme, la partition évolue de mineur à majeur. L’Amphithéâtre Richelieu offre ce qu’il faut de réverbération aux musiciens du National pour que la chaleur, la véhémence, la passion et l’élan dramatique de leur interprétation plongent les auditeurs dans un bain généreusement romantique.



Simon Corley

 

 

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