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Prophétie et prière

Paris
Salle Pleyel
03/26/2008 -  
Leonard Bernstein : Symphonie n° 1 «Jeremiah»
Anton Bruckner : Symphonie n° 7

Rinat Shaham (mezzo)
Orchestre de Paris, Christoph Eschenbach (direction)


Bernstein et Bruckner: le rapprochement tient au premier abord du coq-à-l’âne tant les deux personnalités, au-delà des styles et des époques, paraissent antinomiques. Mais elles n’en partagent pas moins un même attachement au sentiment religieux, même s’il prend, chez l’Américain, une tournure volontiers iconoclaste, au sens propre, comme dans sa Messe ou sa Troisième symphonie «Kaddish», une partition que l’Orchestre de Paris donnera, sous la direction de John Axelrod, le 28 mai prochain. L’aura du chef n’est certainement pas prête de s’estomper, mais peut-être occulte-t-elle désormais moins le legs du compositeur, et pas seulement West side story, Christoph Eschenbach ayant pour sa part choisi la Première symphonie «Jérémie» (1943).


Une oeuvre exactement contemporaine des débuts fracassants du jeune assistant d’Artur Rodzinski avec le Philharmonique de New York (14 novembre 1943), mais dont Marcel Marnat, dans ses notes de programme toujours aussi exemplaires, rappelle qu’elle prend une résonance particulière compte tenu du contexte dans lequel elle a été écrite, celui de la Shoah. On n’y entend pas moins Chostakovitch (Prophecy), Copland (Profanation) ou bien aussi l’influence de Mahler dans le recours à la voix pour la Lamentation finale: une belle partie de mezzo défendue par Rinat Shaham – soeur cadette d’un violoniste (non, pas Gil, mais le non moins excellent Hagai) – qui assied une expression émouvante sur des graves puissants et bien timbrés.


L’Adagio de la Septième (1883) de Bruckner présente également un caractère funèbre, mais de la prophétie, on passe à quelque chose qui relève de la prière. L’interprétation de cette symphonie par Eschenbach à la tête de son Orchestre de Philadelphie, en mai 2004, reste comme l’un des grands souvenirs du sinistre exil à Mogador (voir ici). Depuis lors, le chef n’a guère changé de conception: hédonisme, fignolage, monumentalité, allure très retenue (plus de soixante-dix minutes), en particulier dans les deux premiers mouvements.


Mais ce qui tenait – à un fil – avec Philadelphie ne fonctionne plus ici: l’Orchestre de la capitale possède bien d’autres qualités – et d’excellents musiciens, à commencer par les cinq tubas – mais il n’y a rien de honteux à ne pouvoir rivaliser avec une formation dont la sonorité est devenue légendaire depuis Stokowski – le fameux «Philadelphia sound». Cette différence, à laquelle s’ajoutent une finition instrumentale et une mise en place moins satisfaisantes que l’on peut toutefois mettre sur le compte des aléas d’une soirée, rend vaine une grande partie du travail d’Eschenbach, avec les risques inhérents, dans cette musique, à la lenteur des tempi: mise en valeur de certains détails plutôt que de la construction d’ensemble, grandiloquence, manque de souffle et d’élan, même dans le Scherzo et dans le Finale, où après le regain de vitalité du premier thème, la tension ne tarde pas à retomber.


Le «site officiel» de Leonard Bernstein
Le site de Rinat Shaham



Simon Corley

 

 

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