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Quatuors frères

Paris
Musée d’Orsay
03/15/2008 -  
Hyacinthe Jadin : Quatuor en mi bémol, opus 2 n° 1
Louis Emmanuel Jadin : Quatuor n° 2 en fa mineur

Quatuor Modigliani: Philippe Bernhard, Loïc Rio (violon), Laurent Marfaing (alto), François Kieffer (violoncelle)


Sous le titre «Beethoven à Paris», Radio France propose d’ici le 12 juillet cinquante concerts en deux vagues. La première, à entrée libre, renoue jusqu’au 20 avril avec les week-ends «Portes ouvertes» interrompus depuis le lancement des travaux de rénovation de la Maison de la radio; au moment même où l’Auditorium du Louvre propose une série de manifestations autour de Beethoven, elle permettra d’entendre au Musée d’Orsay trois «intégrales»: les Quatuors par les Ysaÿe, les Sonates pour violon et piano par Jean-Marc Phillips-Varjabédian et Michaël Levinas, les Symphonies transcrites pour piano par Liszt ou Czerny. La seconde vague se déroulera au Théâtre des Champs-Elysées à partir du 26 juin, pour les adieux de Kurt Masur à l’Orchestre national de France, avec deux autres intégrales, celle des Concertos pour piano et celle des Symphonies.


A Orsay, l’approche se veut plus large et prend la forme d’un dialogue, le cycle s’intitulant «Beethoven et la musique française». De fait, ce sera l’occasion d’entendre des pages rares (le chevalier de Saint-Georges, Gounod, Lalo, Saint-Saëns, Chausson, d’Indy, Lekeu, Schmitt) et moins rares (Franck, Fauré, Debussy, Ravel, Dutilleux), tandis que dès le premier dimanche, une séance commentée par Bernard Fournier aura fait le point sur «Beethoven et le quatuor français». De même, le concert inaugural était consacré à deux contemporains de Beethoven, appartenant à une période de l’histoire de la musique française qui demeure assez largement dans l’ombre.


Hyacinthe Jadin (1776-1800) a néanmoins retrouvé quelque notoriété depuis que Jean-Claude Pennetier, voici plus de vingt ans, enregistra quatre de ses Sonates pour piano, conçues tandis que Beethoven travaillait lui-même à son Opus 2. Mais son aîné Louis Emmanuel (1768-1853) n’est pas oublié pour autant: il y a quelques années, le Quatuor Mosaïques s’était ainsi intéressé, parmi la douzaine de Quatuors que comporte le catalogue de chacun des deux frères, à trois d’entre eux: un choix sans doute pertinent, puisque le jeune Quatuor Modigliani, constitué en 2003 au Conservatoire national supérieur de Paris, a lui-même choisi deux de ces trois œuvres, l’une de Hyacinthe, l’autre de Louis Emmanuel. Nul doute que la suite du cycle réunira davantage d’auditeurs, mais il est dommage que le public ait boudé cette entrée en matière, alors même qu’elle ouvrait une perspective stimulante: l’improbable quête d’un «Beethoven français».


Dans cet esprit, si Méhul peut y prétendre dans le domaine de la symphonie, s’agissant du quatuor, Hyacinthe l’emporte sans nul doute sur Louis Emmanuel: une destinée tragiquement brève, celle d’un Arriaga ou d’un Vorisek, autorise en effet toutes les spéculations quant au devenir d’une personnalité si prometteuse, ce que confirment les grandes qualités de son Quatuor en mi bémol, premier de l’Opus 2 (1796). Une écriture ferme, un discours jamais bavard, une expression dépourvue de toute sensiblerie, autant d’éléments qui détonnent dans une époque réputée superficielle, où la musique de chambre serait à la remorque de l’opéra ou du concerto. On entendra bien sûr Mozart – dès un Largo introductif qui évoque immanquablement le début du Quatuor «Les Dissonances» – et Haydn, mais la mention de telles références a déjà valeur en soi, quand on a par exemple à l’esprit les charmants Quatuors de Dalayrac. Ici, le violoncelle a pris son autonomie – il lui revient même d’énoncer le thème initial de l’Adagio – et le Menuetto adopte déjà l’allure et la vigueur d’un Scherzo: assurément un jalon essentiel dans le développement du genre en France.


Près de vingt ans et quelques soubresauts historiques plus tard, la publication, en 1814, d’un recueil de Trois grands quatuors de Louis Emmanuel est accompagnée d’une dédicace au roi de Prusse, auquel Mozart avait lui-même destiné trois des siens... Le Deuxième, en fa mineur, marque un net recul par rapport aux conquêtes de Hyacinthe, particulièrement dans les mouvements extrêmes: prépondérance du premier violon, rareté des passages contrapuntiques, formules passe-partout, progressions harmoniques prévisibles. Avec davantage d’engagement que de précision, le Quatuor Modigliani en tire cependant le maximum, mettant en valeur les deux mouvements centraux, un intéressant Grazioso moderato et un poétique Andante moderato.


Le site du Quatuor Modigliani



Simon Corley

 

 

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