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Modernité Bruxelles Conservatoire Royal 02/28/2008 - Joseph Haydn : Quatuor à cordes, opus 77 n°1, Hob.III:81
Benjamin Britten : Quatuor à cordes n° 3, opus 94
Ludwig van Beethoven : Quatuor à cordes n° 12, opus 127
Quatuor Belcea : Corina Belcea-Fisher, Laura Samuel (violon), Krzysztof Chorzelski (alto), Antoine Lederlin (violoncelle)
Fondé en 1994 au Royal College of Music de Londres, le Quatuor Belcea se produit dans le cadre du cycle « Quatuors à cordes » du Bozar, à la suite des Quatuors Artemis, Takacs, Henschel, Philharmonia de Berlin et Skampa et précédant les Danel et Prazak (respectivement le 18 mars et le 4 juin), non sans oublier le Quatuor Alban Berg (le 14 mai) qui effectue actuellement sa tournée d’adieux. Titulaire du premier prix du concours de Bordeaux en 1999, les Belcea comptent parmi les formations de chambre les plus en vue, ce qui se traduit par leur présence sur la scène internationale – ils sont attendus aux Etats-Unis ce printemps – ainsi que par ses enregistrements pour EMI (l’intégrale des quatuors de Bartók vient de paraître).
S’ils font preuve par moments de vivacité primesautière dans l’Opus 77 n°1 (1798-1800) de Haydn, c’est avant tout d’une lecture âpre, heurtée, aux contrastes marqués et fort expressive qu’il s’agit. Une violence et un déficit de moelleux, pour ne pas dire de séduction sonore, qui placent cette interprétation à l’opposé d’un Haydn paisible et confortablement installé dans le classicisme.
Contemporain de Death in Venice, et d’ailleurs achevé dans la cité lagunaire, le Troisième Quatuor (1975) de Britten s’avère moins contestable dans son approche, les archets du Quatuor Belcea pouvant se faire caressants et propices, de ce fait, au rêve et à la méditation. Il en faut tout particulièrement dans cette œuvre de haute maturité – tout comme les deux autres pages de cette soirée – dont les musiciens mettent en valeur le caractère insaisissable, secret et nocturne. Avec intensité et une technique remarquable, ils valorisent les recherches sonores de cet ultime quatuor, joyau au sein d’un corpus de chambre encore trop peu connu sur le continent.
Un Douzième Quatuor (1824-1825) de Beethoven aux arêtes tranchantes et d’une grande puissance intérieure occupe toute la seconde partie. Illustrant une fois de plus sa cohésion et son engagement, la formation en éclaire le caractère symphonique et dispense une lecture tourmentée et soucieuse de créer des atmosphères, comme celle tout particulièrement pesante de l’Adagio ma non troppo e molto cantabile. Cet Opus 127 est visionnaire et, encore aujourd’hui, d’une saisissante modernité, que le Quatuor Belcea met bien en valeur.
Le site du Quatuor Belcea
Sébastien Foucart
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