About us / Contact

The Classical Music Network

Bruxelles

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Florilège de sonates

Bruxelles
Bozar, Salle Henry Le Bœuf
02/22/2008 -  et 16 (Berkeley), 17 (Santa Cruz), 19 (Los Angeles), 23 (Sedona), 25 (Scottsdale), 28 (Troy), 30 (Ottawa) octobre, 3 (Bloomington), 4 (Madison) novembre 2007, 12 (Paris), 13 (London), 14 (Lyon), 17 (Torino), 18 (Milano), 20 (Luxembourg), 21 (Eindhoven), 24 (Copenhagen), 27 (Bern) février 2008
César Franck : Sonate pour violon et piano
Wolfgang Amadeus Mozart : Sonate pour violon et piano n° 34, K. 317d [378]
Eugène Ysaÿe : Sonate pour violon seul n° 5 «Pastorale», opus 27 n° 5
Charles Ives : Sonate pour violon et piano n° 3
Johannes Brahms : Sonate pour violon et piano n° 2, opus 100

Hilary Hahn (violon), Valentina Lisitsa (piano)


Insensible aux sirènes du marketing de mauvais goût, Hilary Hahn poursuit sa carrière avec toujours autant d’exigence, de droiture et, si l’on en croit le journal publié sur son site, d’enthousiasme. Elle alterne récitals et prestations auprès d’orchestres, tant dans son pays natal qu’en Europe et en Asie, abordant aussi bien les grands et incontournables chefs-d’œuvre du répertoire que des ouvrages moins fréquentés. En témoigne une discographie (Sony et, maintenant, Deutsche Grammophon) enrichie au rythme de quasiment un disque par an, et ce depuis 1997 où elle sort un album remarqué, consacré aux Sonates et Partitas de Bach. Après un précédent enregistrement consacré aux Premier Concerto de Paganini et au Huitième de Spohr – choix qui ne s’imposait peut-être pas par sa nécessité –, celui consacré à Sibelius et à Schoenberg, avec Esa-Peka Salonen à la tête de l’Orchestre Symphonique de la Radio Suédoise, arrive prochainement dans les bacs : un mini évènement en soi dans la mesure où le Concerto pour violon du compositeur de Pierrot lunaire est, finalement, peu joué et gravé.


Accompagnée de la pianiste ukrainienne Valentina Lisitsa, Hilary Hahn revient à Bruxelles, où elle ne s’était plus produite depuis la saison 2005/2006, pour un copieux et cohérent récital comportant pas moins de cinq sonates, programme par ailleurs déjà donné en automne dernier aux Etats-Unis et au Canada et qu’elle reprend début de cette année sur le Vieux Continent. La soirée débute par la Sonate (1886) de Franck : une entreprise téméraire, plus d’un récitaliste la réservant pour la seconde partie, du fait de son envergure, mais également un clin d’œil à Ysaÿe, dédicataire et créateur de l’ouvrage, qui forma Jascha Brodsky, lui-même ancien professeur de la violoniste au Curtis Institute de Philadelphie.


Malgré cette filiation apparente, le premier mouvement inquiète car si cette musique baigne comme convenu dans son climat méditatif, Hilary Hahn semble s’en détacher, comme si elle était peu concernée, au contraire de la pianiste, mais l’Allegro qui suit, abordé avec plus de corps – et d’ailleurs applaudi – satisfait davantage. Si les moyens et la sonorité restent toujours aussi phénoménaux (attaques précises, jeu millimétré et gommé de toute impureté, onctuosité du legato), cette interprétation se nourrit peu des contrastes et des grands espaces qu’autorisent cette partition. Le duo confère ensuite profondeur, complexité et personnalité à la Trente-quatrième Sonate (1780) de Mozart, abandonnant ainsi toute joliesse inconvenante. Là aussi, les traits violonistiques atteignent la perfection tandis que le piano bien timbré de Valentina Lisitsa, attentive aux nuances du texte, valorise le jeu de sa partenaire.


Suit une spectaculaire démonstration de virtuosité, mais également de fine musicalité, dans la Cinquième Sonate pour violon seul « Pastorale » d’Ysaÿe (1923), appréhendée avec un sens de la construction et un souci d’en révéler les détails qui laissent admiratif, et ce d’autant plus que cette page ne semble être qu’une simple balade de santé pour Hilary Hahn, épatante de sérénité.


La seconde partie s’ouvre sur une rareté. Si la Troisième Sonate (1914) de Ives reste en définitive peu significative de son auteur, elle n’en est pas moins séduisante. Avec verve, Hilary Hahn et Valentina Lisitsa en soulignent une de ses principales caractéristiques : l’intégration de citations et d’airs empruntés, dont O Happy day. Le piano y conjugue puissance et raffinement tandis que le violon déploie un vibrato très étudié.


Contemporaine de la Sonate de Franck, et qui plus est écrite dans la même tonalité de la majeur, la Deuxième Sonate (1886) de Brahms referme cette soirée pleine de classe et réglée comme du papier à musique. Si l’Américaine recourt à la traditionnelle mais nécessaire palette de couleurs brahmsiennes, elle n’en oublie pas moins d’y témoigner plénitude et chaleur – cette dernière qualité ne se rencontre pas toujours dans son jeu. Et là aussi, Hilary Hahn peut compter sur le soutien sans faille de Valentina Lisitsa. Plus qu’une accompagnatrice ou une partenaire, une artiste à part entière.


Le site d’Hilary Hahn
Le site de Valentina Lisitsa





Sébastien Foucart

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com