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Cendrillon entre rêve et réalité Geneva Grand Théâtre 02/13/2008 - et les 15, 17, 19, 21, 23 et 25 février 2008
Gioacchino Rossini: La Cenerentola
Maxim Mironov (Don Ramiro), Fabio Maria Capitanucci (Dandini), Bruno de Simone (Don Magnifico), Raffaella Milanesi (Clorinda), Giorgia Milanesi (Tisbe), Vivica Genaux (Angelina), Simon Orfila (Alidoro)
Chœur du Grand Théâtre de Genève (préparation: Ching-Lien Wu), Orchestre de la Suisse Romande, Giuliano Carella (direction musicale)
Joan Font (mise en scène), Joan Guillén (décors et costumes), Albert Faura (lumières), Xevi Dorca (chorégraphie)
On le sait, la Cenerentola de Rossini n’a plus rien, ou Presque, du conte rendu célèbre par les frères Grimm ou Charles Perrault. Dans l’opéra en effet, la bonne fée, le carrosse ou la fameuse pantoufle de verre ont disparu. L’originalité – et la force – du spectacle de Joan Font, monté pour la première fois à Barcelone pour les fêtes de fin d’année et repris à Genève, est de revenir à la fable, en recréant une atmosphère fantasmagorique, avec de magnifiques costumes bariolés, des décors et des accessoires immenses et aux couleurs vives, ainsi que des personnages à la limite de la caricature, façon commedia dell’arte, sans oublier une ribambelle de souris, incarnées par des danseurs, qui suivent en permanence l’héroïne. Il se passe énormément de choses sur le plateau, mais tout est parfaitement réglé, au millimètre près, dans la légèreté et l’insouciance. D’ailleurs, le metteur en scène n’est-il pas directeur des Comediants, une célèbre troupe de théâtre de rue? Mais la fin du spectacle nous réserve un coup de tonnerre, dans la surprise la plus totale: la féerie cède soudain la place à la réalité, le rêve s’estompe pour laisser apparaître une Cendrillon balai à la main, alors que cette dernière venait d’épouser le prince quelques secondes plus tôt. On l’aura compris, le public a assisté à un spectacle subtil et intelligent, qui évite fort judicieusement les lourdeurs habituellement associées aux opéras bouffes et qui prouve de façon magistrale que rire et réflexion peuvent faire bon ménage.
Malheureusement, la légèreté de la mise en scène ne se retrouve pas dans la fosse, où Giuliano Carella dirige sans grand relief un Orchestre de la Suisse Romande qui peine à rendre toute la verve de la musique de Rossini. Tous les solistes vocaux font leurs débuts au Grand Théâtre. La palme revient à Bruno de Simone qui campe un Don Magnifico d’une drôlerie irrésistible. Vivica Genaux, précédée d’une flatteuse réputation, était très attendue dans le rôle-titre; si sa technique et ses vocalises sont époustouflantes, elle laisse néanmoins une impression mitigée, en raison d’un vibrato gênant et bien visible sur son visage et un timbre sans beaucoup de couleurs. Maxim Mironov a le chant aristocratique d’un prince, même si la voix est dotée d’une projection limitée et se resserre dans les aigus. A noter que les demi-sœurs de Cendrillon sont interprétées avec truculence par deux chanteuses jumelles à la ville.
Claudio Poloni
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