About us / Contact

The Classical Music Network

Bruxelles

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Quoi de neuf, docteur Herreweghe ?

Bruxelles
Bozar, Salle Henry Le Bœuf
02/18/2008 -  et 16 (Utrecht), 17 (Paris) février 2008
Gustav Mahler : Rückert-Lieder (orchestration de Gustav Mahler et Max Puttmann)
Anton Bruckner : Symphonie n°5

Christian Gerhaher (baryton)
Orchestre des Champs-Elysées, Philippe Herreweghe (direction)



Cette saison, Philippe Herreweghe prouve une fois de plus sa fidélité au Bozar ainsi que l’ouverture de son horizon musical, et ce à la tête de différentes formations auxquelles il est lié. Après avoir défendu des cantates de Bach en novembre et le Lagrime di San Pietro a 7 d’Orlando Lassus le mois dernier, avec à chaque fois le Collegium Vocale Gent qu’il créa en 1970, le chef gantois abordera Brahms à l’occasion de deux concerts (6 mars et 24 avril) avec l’orchestre deFilharmonie, dont il est directeur musical – soirées comportant en outre des œuvres de Beethoven, Schubert et du rare Niels Gade –, non sans un retour à Bach en mai (avec, de nouveau, le Collegium Vocale).


Présent, semble-t-il, sur tous les fronts, cet infatigable musicien donne, cette fois-ci, rendez-vous rue Ravenstein avec l’Orchestre des Champs-Elysées, dont il est le directeur artistique ainsi que le co-fondateur avec Alain Durel, dans un couplage Mahler et Bruckner déjà rodé l’avant-veille à Utrecht et la veille à Paris. Cette formation sur instruments d’époque s’est déjà illustrée à plusieurs reprises avec Herreweghe dans les immenses édifices du maître de Saint-Florian, ce dont témoignent deux enregistrements chez Harmonia Mundi de la Quatrième et de la Septième Symphonies sortis, respectivement, en 2006 et 2004.


A l’instar de Beethoven, Schubert voire Mahler, Bruckner devait, tôt ou tard, passer au crible des reconstitutions historiques. Philippe Herreweghe fait-il découvrir quelque chose de neuf sous le ciel brucknérien ? Sans aucun doute une transparence et une finesse dans les textures, fruit, certainement, d’un travail d’analyse poussé, mais il montre que cette musique, si propice au monumental et au mysticisme, peut être jouée à hauteur d’homme. Si Brahms et Schubert ne sont jamais bien loin, Wagner est laissé au vestiaire.


Pourtant, même le mélomane allergique aux orchestres sur instruments d’époque découvre une Cinquième Symphonie non dépourvue d’une vision et d’une carrure, solidement fixée sur ses fondations et en rien anémique. Quant au sentiment religieux, s’il transparaît sous doute – sans quoi, cette musique ne serait pas de Bruckner –, il ne domine pas au point de faire entrer tout entière cette symphonie dans une cathédrale. Cette lecture serrée, mais jamais à court de souffle, permet en outre d’apprécier une formation remarquablement disciplinée, tant à titre individuel (cordes délicates, bois fins et sans compromettante fragilité, cuivres précis) que collectif : relief, belle définition des tutti, montées en puissance bien négociées.


Avec un chef adepte des lenteurs celibidachiennes, cette Cinquième Symphonie se serait suffi à elle-même mais, avec Herreweghe, le dernier accord retentit après moins de soixante-dix minutes, aussi fallait-il un complément. Mahler et ses Rückert-Lieder constituent une introduction des plus évidentes. Christian Gerhaher fait montre d’un format vocal relativement modeste, à la projection et à l’ampleur limitées, même au maximum de sa puissance, mais compensé par une pudeur et une distinction qui confèrent à ces Rückert-Lieder, chantés très proches des mots, un charme agreste et un climat chambriste tout à fait appropriés. Une lecture dépouillée, un rien distanciée et totalement valorisée par un orchestre arachnéen, belle étoffe finement ouvragée par un Herreweghe manifestement très en phase avec le compositeur.


Le site de l’Orchestre des Champs-Elysées





Sébastien Foucart

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com