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Comme si on y était

Paris
Salle Pleyel
02/05/2008 -  et 2 février 2008 (Amsterdam)
Richard Wagner : Lohengrin

Klaus Florian Vogt (Lohengrin), Anne Schwanewilms (Elsa von Brabant), Eike Wilm Schulte (Friedrich von Telramund), Marianne Cornetti (Ortrud), Ronnie Johansen (Heinrich der Vogler), Geert Smits (Der Heerrufer), Stefan Heibach, Amand Hekkers, Hugo Oliveira, Dennis Wilgenhof (Brabantische Edle), Elma van den Dool, Anitra Jellema, Anjolet Rotteveel, Ans van Dam (Edelknaben)
Groot Omroepkoor, Udo Mehrpohl (chef de chœur), Radio Filharmonisch Orkest, Jaap van Zweden (direction)


La saison wagnérienne à Paris est celle des versions de concert: parfois involontairement, les conflits sociaux ayant perturbé les premières représentations du Tannhäuser de Robert Carsen en décembre dernier à Garnier (voir ici); délibérément, en revanche, de la part de la Radio néerlandaise (Hilversum), dont l’Orchestre philharmonique et le Grand chœur présentaient Lohengrin (1848) trois jours après l’avoir donné à Amsterdam. Mais parmi les ouvrages de Wagner, cet «opéra romantique» n’est sans doute pas celui qui souffre le plus d’être privé de sa réalisation théâtrale, le surtitrage permettant au demeurant de ne rien perdre de l’action. Qu’importent dès lors les chanteurs alignés face au public, bons côté jardin et méchants côté cour, et les petites bouteilles d’eau au pied de chaque pupitre, car bon nombre de représentations scéniques sont loin d’apporter autant de satisfactions que ce simple concert.


Quel dommage, dans ces conditions, qu’il ait débuté à l’horaire traditionnel (20 heures)! Car nonobstant la brièveté des entractes (vingt minutes chacun), maints spectateurs ont été contraints de partir après le deuxième acte ou durant le troisième, la représentation s’étant achevée quarante minutes après minuit: à une heure où, en semaine, les transports en commun s’apprêtent à interrompre leur service, tout le monde n’a pas la chance de disposer d’un cygne pour rentrer dans son Montsalvat. Un enseignement dont Pleyel devra impérativement tenter de tirer profit dans l’avenir, au vu de la pratique des institutions lyriques de la capitale, qui n’hésitent pas, en particulier pour ces grandes célébrations wagnériennes, à commencer une à deux heures plus tôt.


C’est sans doute l’une des raisons pour lesquelles ce Lohengrin batave, bien qu’il y soit question de Brabant et de Frise, n’a pas fait salle comble. Une autre explication tient probablement à ce que l’Orchestre philharmonique de la Radio néerlandaise ne possède pas la réputation de ses compatriotes d’Amsterdam avec Jansons ou même de Rotterdam avec Gergiev. Venu au grand complet, avec en particulier un effectif de trompettes – treize, réparties aux différentes extrémités de la tribune – digne de la Sinfonietta de Janacek, il livre une prestation nullement malhonnête, mais un peu terne, péchant en outre par des départs cafouilleux et, malgré quelques intéressantes individualités, des musiciens trop souvent pris en défaut, notamment parmi les bois.


Chef-dirigent et directeur artistique de la formation depuis 2005, Jaap van Zweden ne confond pas romantische Oper et Bühnenweihfestspiel, ce que sera, trente ans plus tard, Parsifal: évitant les tunnels et faisant toujours avancer le propos, au besoin un peu trop vite (Prélude du premier acte), son sens dramatique ne faillit jamais. Percutante mais sans lourdeur, sa direction parvient à trouver le bon équilibre entre les forces en présence, compte tenu de ce que l’orchestre n’est pas comme de coutume dans la fosse.


Mais ce Lohengrin restera gravé dans les mémoires avant tout pour sa distribution vocale qui, associant des familiers des plus grandes maisons (Bayreuth, Vienne, Munich, …), a largement tenu ses promesses: un plateau digne des plus prestigieuses institutions européennes, bref, c’est «comme si on y était».


Klaus Florian Vogt sidère par la manière dont il investit le rôle-titre – son rôle fétiche, qu’il chante sans partition: legato d’une suavité insolente, timbre aussi étincelant que l’armure argentée du héros, maîtrise du souffle (qui est bien celle d’un ancien corniste), subtilité du Liedersänger et force duHeldentenor, tout cela semble presque aussi surnaturel que l’apparition du chevalier du Graal. Il forme un couple somptueux avec l’Elsa d’Anne Schwanewilms, qui, de fait, chante également par cœur: tour à tour évanescente et candide, visionnaire et déterminée, elle déploie une riche palette de qualités, que ce soit la pureté de son chant, la précision de ses aigus, la variété de ses nuances ou l’aisance de ses phrasés.


Alors qu’il a fêté ses soixante-dix ans voici quelques mois, Franz Grundheber poursuit une belle carrière, comme en témoigne la reprise de Cardillac à Bastille (voir ici); de deux ans son cadet, Eike Wilm Schulte n’est pas en reste: si la voix a perdu un peu en couleur, son Telramund demeure clair et bien projeté. Entourée de ces germanophones à la diction parfaite, Marianne Cornetti ne démérite pas: la tessiture d’Ortrud ne lui pose pas de problème, mais son indéniable engagement l’entraîne à chanter trop fort et à abuser d’effets mélodramatiques. Imposant et assuré, mais handicapé par un vibrato excessif et des graves hasardeux, le Roi Henri de Ronnie Johansen le cède à son héraut, le remarquable Geert Smits, qui conjugue force et musicalité.


Personnage à part entière, très sollicité tout au long de l’œuvre, le Grand chœur de la Radio néerlandaise contribue grandement au succès de cette soirée. Celso Antunes succèdera à Simon Halsey en août prochain à la tête de cet ensemble, mais c’est Udo Mehrpohl, un ancien de l’Opéra d’Etat de Bavière, qui l’a préparé pour l’occasion: le résultat se révèle impeccable de cohésion et de puissance.


Le site de l’Orchestre philharmonique de la Radio néerlandaise
Le site du Grand chœur de la Radio néerlandaise
Le site d’Anne Schwanewilms



Simon Corley

 

 

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