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Reprise justifiée

Paris
Opéra Bastille
01/29/2008 -  et 2*, 5, 12, 16 février 2008
Paul Hindemith : Cardillac, opus 39

Franz Grundheber (Cardillac), Angela Denoke (Die Tochter), Christopher Ventris (Der Offizier), Hannah Esther Minutillo (Die Dame), Charles Workman (Der Kavalier), Roland Bracht (Der Goldhändler), David Bizic (Der Anführer der Prévôté)

Chœurs de l’Opéra national de Paris, Winfried Maczewski (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra national de Paris, Kazushi Ono (direction)
André Engel (mise en scène), Nicky Rieti (décors), Chantal de la Coste Messelière (costumes), André Diot (lumières), Frédérique Chauveaux, François Grès (chorégraphie), Dominique Muller (dramaturgie), Ruth Orthmann (assistante à la mise en scène)


Déjà présenté huit fois à l’automne 2005 (voir ici) et disponible en DVD chez Bel Air (voir ici), Cardillac, toujours dans sa version originale de 1926, revient à Bastille pour cinq représentations.


Wozzeck fut créé onze mois avant l’opéra de Hindemith, qui resserre également le propos (une heure et demie), adopte le même découpage en trois actes (avec des tableaux cependant moins lapidaires que chez Berg) et fait du baryton le héros. La comparaison s’arrêterait là si un grand Wozzeck, Franz Grundheber, n’avait pas succédé à Alan Held dans le rôle-titre. L’Américain, sans doute meilleur acteur, faisait de l’orfèvre assassin un personnage plus torturé et pitoyable qu’antipathique. L’Allemand s’impose quant à lui par un timbre à la fois plus rond et plus personnel, conférant à Cardillac une noirceur que ne possédait pas son prédécesseur. Tous les titulaires des autres rôles principaux sont en revanche de retour. Angela Denoke reste égale à elle-même, c’est-à-dire excellente dans son incarnation tant vocale que théâtrale de la fille de Cardillac. Le couple formé par Hannah Esther Minutillo et Charles Workman demeure tout aussi séduisant, de même que Christopher Ventris en Officier velléitaire puis empathique.


Sur le départ à La Monnaie, Kazushi Ono ne rate pas ses débuts à l’Opéra national de Paris. Sous sa baguette, la partition prend davantage de relief: Kent Nagano s’était sans doute voulu fidèle à la Sachlichkeit (objectivité) propre au compositeur, mais il apparaît rétrospectivement trop contraint, alors que l’orchestre acquiert ici une sonorité moins verte et mate, plus fruitée et charnue. Même si Hindemith fait partie d’une génération qui s’est affirmée par son hostilité à Wagner et à ses descendants, cette tournure plus expressive ne nuit pas à une musique qui, bien au contraire, respire ainsi davantage sans pour autant s’affadir ou s’amollir, et dont les meilleurs moments, en particulier le troisième acte, semblent annoncer Mathis le peintre. Heureux Lyonnais: le Japonais sera à la rentrée prochaine le «chef principal» d’un opéra qui avait renoncé à pourvoir le poste depuis de nombreuses années. Un an plus tard, c’est Paris qui mettra fin à une situation comparable, avec l’arrivée de Philippe Jordan…


La mise en scène d’André Engel, les décors de Nicky Rieti – dont les changements rapides évitent toute interruption du spectacle –, les costumes de Chantal de la Coste Messelière et les lumières d’André Diot ont conservé tout leur attrait, à savoir celui du maintien de l’action à Paris et de sa transposition chronologique dans ces années 1920 où l’œuvre vit le jour. Le succès remporté voici plus de deux ans par cette production n’allait pas de soi et ce fut donc l’un des paris réussis de l’ère Mortier: sa reprise se justifie d’autant plus que la distribution paraît cette fois-ci encore plus convaincante.



Simon Corley

 

 

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