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Tiroirs ravéliens

Paris
Nogent-sur-Marne (La Scène Watteau)
01/21/2008 -  et 22, 23, 24, 25, 26, 29*, 30, 31 janvier, 3 février 2008
Damien Caille-Perret/Laure Bonnet : De Ravel et des choses

Gaëtan Vourc’h (acteur), Dayan Korolic (musique live)
Damien Caille-Perret (mise en scène, scénographie, lumières), Laure Bonnet (dramaturgie), Patrice Cauchetier (costumes), Bruno Rudtmann (lumières)


En partenariat avec le Nouveau Théâtre de Besançon et avec l’aide du conseil général du Val-de-Marne, la Scène Watteau (Théâtre de Nogent-sur-Marne) donne en création De Ravel et des choses, qu’elle coproduit avec l’ARCADI et la jeune Compagnie des Têtes en Bois de Damien Caille-Perret: scénographe, metteur en scène, costumier, accessoiriste, vidéaste mais aussi concepteur de marionnettes, comme dans le spectacle Œdipapa ou comment porter les crimes de ses pères (2003) qu’il a mis sur pied avec sa compagnie, écrit et interprété par Laure Bonnet.


Le duo présente cette fois-ci un «spectacle-portrait conçu dans l’élan donné par Ravel de Jean Echenoz». La fascination des auteurs pour cette reconstitution subjective des dix dernières années de la vie du compositeur se comprend sans peine (voir ici). Et il est heureux qu’elle ait suscité en eux bien plus que l’envie de la porter sur scène, puisqu’ils y ont trouvé «l’élan» nécessaire à un projet plus personnel.


Ce portrait respectant la chronologie des soixante-deux ans de son existence, à partir d’éléments tirés de deux principaux ouvrages de référence, le Ravel de Marcel Marnat (Fayard) et les Lettres, écrits, entretiens édités par Arbie Orenstein (Flammarion), n’aurait pu être qu’une intelligente compilation de textes habilement agencés. Mais l’originalité du dispositif permet d’aller bien plus loin, traduisant une affinité aussi réelle que profonde avec l’univers de Ravel.


Placé au centre d’un cercle de parquet clair, un meuble, sorte de secrétaire à tiroirs multiples, seul élément de décor hormis une modeste chaise, est en effet exploité avec une grande ingéniosité, révélant progressivement ses secrets: «tout équipé», avec poubelle, piano-jouet et électrophone intégrés, il abrite photos et cravates, livres et microsillons, papier à musique et papier à lettres, mains droites et mains gauches, bricoles et bricolage, mécano et mécanismes, tels ce xylophone d’enfant qui égrène inlassablement le si bémol obsédant du Gibet ou ce petit hélicoptère téléguidé portant une banderole à la gloire du Boléro. Bref, une sorte d’allégorie du bric-à-brac de l’imaginaire ravélien, de son attachement au monde de l’enfance, en même temps qu’une réduction de son Belvédère – la maison de Montfort-l’Amaury – qui n’aurait pas déplu à ce passionné de miniatures.


A l’instar de Marcel dans La Recherche du temps perdu, Gaëtan Vourc’h se fait à la fois personnage et narrateur. De Ravel, il possède sinon la taille du moins l’apparence: mince, visage en lame de couteau, soigneusement vêtu, comme il se doit pour le dandy qu’il fut, dans un costume de Patrice Cauchetier. Quant au narrateur, il a fort à faire, une heure durant, avec un assemblage distancié et pince-sans-rire d’aperçus biographiques et de lettres, complété par quelques lectures préenregistrées, dont celle du Gibet d’Aloysius Bertrand. Sa voix claire, tour à tour clinique et persifleuse, contribue à ce que ces «épisodes de la vie d’un artiste» tracent le portrait d’un provocateur à la Satie, lunaire et décalé, neurasthénique et insomniaque, mais non moins cocasse, attachant et émouvant.


Côté jardin, sorte d’alter ego au costume tout aussi fringant, Dayan Korolic, à la guitare électrique, dessine un paysage sonore, évoquant notamment quelques grandes pages, Le Gibet de Gaspard de la nuit, le Pantoum du Trio, La Valse et, bien sûr, le Boléro, mais aussi, désormais au centre du plateau et sous l’éclairage de star que lui réserve Bruno Rudtmann, l’Adagio du Concerto en sol: une adaptation bien dans l’esprit de ces défis que Ravel aimait à se lancer.


Quelques «choses» sur Ravel, au travers desquelles Damien Caille-Perret et Laure Bonnet, préférant la simplicité, l’humour et la sensibilité à l’emphase, témoignent d’une véritable empathie pour leur modèle.


Le site de La Scène Watteau



Simon Corley

 

 

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