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Pluie de Flor sur le Capitole

Toulouse
Halle aux Grains
11/26/1998 -  
Edvard Grieg : Concerto pour piano
Anton Bruckner : Symphonie n° 9

Peter Jablonski (piano)
Orchestre du Capitole, Claus Peter Flor (direction)

La venue à la tête de l'orchestre du Capitole de Claus Peter Flor, l'un des événements majeurs de la saison toulousaine, était visiblement très attendue par les musiciens eux-mêmes qui ont paru beaucoup apprécier le sérieux et la rigueur de son travail. La rigueur semble être effectivement le maître mot de l'interprétation de ce chef encore jeune (45 ans) mais déjà très apprécié dans le répertoire germanique. Cela nous a valu un Concerto de Grieg très ramassé, rapide, lapidaire parfois jusqu'à la fièvre, ce qui accentuait sa filiation avec le Concerto de Schuman mais atténuait peut-être un peu trop l'aspect rhapsodique de son lyrisme, malgré quelques moments d'abandon. Il faut dire que le jeu impeccable techniquement mais très "physique" et puissant de Peter Jablonski n'incitait pas toujours à la rêverie. Mais quelque soit le plus ou moins d'affinités que l'on puisse avoir avec les conceptions d'ensemble du chef et de son soliste, force est de constater que leur entente exceptionnelle et la vigueur de leur interprétation balayait toute réticence. Le cas de la symphonie de Bruckner est plus épineux car les exigences de l'oeuvre ont quelquefois montré les limites de l'orchestre du Capitole, malgré un très fort engagement des musiciens. La conception très ferme, voire autoritaire, du chef s'est heurtée en divers endroits au manque d'équilibre des pupitres et à la minceur des cordes, pas toujours très homogènes et souvent noyées par des cuivres peu élégants, ce qui donnait à certains passages un petit côté martial pas toujours bien venu. L'énergie et le dynamisme de l'interprétation ont très bien pallié ce manque de séduction sonore dans les deux premiers mouvements, la minceur mêmes des sonorités donnant au scherzo un aspect cinglant très "chostakovitchien" malgré des cuivres un peu indiscrets. Mais la méditation à la fois éthérée et voluptueuse de l'adagio manquait trop de sensualité pour convaincre absolument, même si on ne peut que saluer l'exceptionnelle clarté des lignes, preuve d'une utilisation très intelligente des spécificités de l'orchestre. Un très bon concert donc, qui bénéficiait de l'enthousiasme évident des musiciens toulousains, mais qui manquait un peu d'abandon. Le public semble en tout cas avoir beaucoup apprécié et a réservé au chef et à l'orchestre une pluie d'applaudissements.



Laurent Marty

 

 

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