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Autre retour bienvenu

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
01/18/2008 -  et 11, 12 (Köln), 14 (Modena), 15 (Torino), 16 (Toulouse) janvier 2008
Igor Stravinski : Scherzo fantastique, opus 3
Alexandre Glazounov : Concerto pour violon, opus 82
Dimitri Chostakovitch : Symphonie n° 4, opus 43

Hilary Hahn (violon)
WDR Sinfonieorchester Köln, Semyon Bychkov (direction)


Paris vit en ce moment à l’heure russe: non seulement certaines formations en ont fait l’un des thèmes de leur saison – Orchestre de Paris, y compris en musique de chambre, et Philharmonique de Radio France, qui accueillait en ce même vendredi soir Guennadi Rojdestvenski dans un programme 100% Prokofiev – mais les ensembles invités contribuent également à mettre à l’honneur la musique de ce pays, à l’image de l’Orchestre symphonique de la Radio de l’Allemagne occidentale (Westdeutscher Rundfunk, Cologne) et de celui qui en est le Chefdirigent depuis 1997, Semyon Bychkov – un répertoire qui lui a toujours bien réussi.


L’ancien directeur musical de l’Orchestre de Paris (1989-1998) est revenu dans la capitale en juin dernier pour Un bal masqué à Bastille (voir ici), mais sa dernière apparition dans le domaine purement symphonique remonte à mai 2000, déjà avec son Orchestre de la WDR (voir ici): si les musiciens avaient alors été confrontés à une Salle Pleyel aux trois quarts vide, tel n’était pas le cas cette fois-ci au Théâtre des Champs-Elysées. Il est vrai qu’ils ont pris la précaution de s’entourer de deux stars de l’archet: Vadim Repin donnera avec eux le Concerto de Beethoven à Mannheim puis à Munich, mais pour la première partie de leur tournée européenne, qui prenait fin à Paris, c’est Hilary Hahn qui se produisait en leur compagnie.


Toute frêle dans sa longue robe blanc écru aux broderies argentées, la violoniste américaine ne paraît pas ses vingt-huit ans, même si son assurance et sa technique demeurent toujours aussi impressionnantes. Mais son interprétation du Concerto (1904) de Glazounov, aussi sage et bien élevée que son chignon, ne captive guère: nulle faute de goût et rien de tape-à-l’œil, certes, mais l’équilibre et la maîtrise, voire la réserve, émoussent le romantisme et la passion. Une décantation qui, en bis, sied davantage au deuxième mouvement (Malinconia) de la Deuxième sonate «Obsession» (1923) d’Ysaÿe, s’éteignant sur un Dies iræ chuchoté.


C’est le Scherzo fantastique (1907) de Stravinski qui avait ouvert la soirée: proximité géographique et chronologique, trois ans après le Concerto de Glazounov, mais tout sauf amicale – ainsi que le relève André Boucourechliev, dès 1897 «Stravinski ne témoignera plus à Glazounov que haine et mépris, d’ailleurs largement provoqués par l’attitude hostile et jalouse de ce dernier» – ou stylistique, car Stravinski ouvre une nouvelle voie, celle qui mène de son maître Rimski-Korsakov à L’Oiseau de feu. Rare occasion d’entendre cette œuvre de jeunesse et premier aperçu des qualités de l’orchestre, qui trouveront cependant à s’exprimer de façon autrement plus éloquente après l’entracte.


Car c’est la Quatrième symphonie (1936) de Chostakovitch que Bychkov a choisi d’emmener en tournée. Un parti pris qui intrigue au premier abord, tant les chefs privilégient généralement des «cartes de visite» plus immédiatement séduisantes. Or, il est plus difficile de mettre en valeur cette Quatrième – en témoigne l’échec d’Ashkenazy avec le National en mars 2006 (voir ici) – que, par exemple, les Tableaux d’une exposition ou Le Sacre du printemps, même si ses exigences techniques ne sont pas moins réelles. Et puis, passé ce moment de surprise, on se souvient que Bychkov et son orchestre ont récemment enregistré pour Avie plusieurs symphonies de Chostakovitch, dont la Quatrième, et, surtout, que c’est précisément avec l’Orchestre de la Radio de Cologne que Barshaï a réalisé sa remarquable intégrale Chostakovitch parue chez Brilliant.


Et ce concert parisien offre la confirmation la plus éclatante des affinités qu’entretiennent l’orchestre et son directeur musical avec cette musique. La plus mahlérienne, tant par son immense effectif instrumental que par sa durée, mais aussi la plus expérimentale et la plus composite des symphonies de Chostakovitch fait courir le risque d’une succession de tunnels: rien de tel ici, aucun temps mort, et la caractérisation magnifique de chacun des épisodes s’inscrit dans une vision globale leur donnant une cohérence qui force l’admiration. Sans en rajouter, Bychkov déclenche tensions et grimaces, évoque rêves et cauchemars, mais sait aussi cultiver les fibres épique et lyrique. Quant à l’orchestre, s’il n’offre pas le confort de certains de ses homologues allemands, il s’illustre toutefois par la belle régularité de ses solistes, à commencer par le basson et le trombone, par sa capacité à s’adapter aux nombreux changements de style et de couleur qu’exige la partition ainsi que par sa solidité dans les pages les plus exigeantes (fugato du premier mouvement): une parfaite cohésion dans les sections rapides, une concentration jamais prise en défaut dans les moments plus calmes, jusqu’à une péroraison d’une ampleur exceptionnelle, dans son déchaînement grandiose puis dans son acheminement vers le néant.


Bref, après celui de Janowski la veille à Pleyel (voir ici), un autre retour bienvenu d’une ancienne figure de la vie musicale parisienne.


Le site de l’Orchestre symphonique de la Radio de Cologne
Le site de Semyon Bychkov
Le site de Hilary Hahn



Simon Corley

 

 

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