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Smetana en vedette

Paris
Salle Pleyel
01/09/2008 -  
Anton Dvorak : Carnaval, opus 92, B. 169
Bedrich Smetana : Má Vlast

Orchestre de Paris, Pinchas Steinberg (direction)


Dans sa soixante-troisième année, Pinchas Steinberg mène désormais une carrière de chef invité, depuis qu’il a laissé la place, en 2005, à Marek Janowski à l’Orchestre de la Suisse romande. Apparaissant régulièrement à la tête de la plupart des orchestres parisiens ainsi qu’à l’Opéra, le chef israélien ne s’était cependant pas produit dans la capitale depuis l’Ariane à Naxos présentée à Garnier en novembre 2003 (voir ici). Et c’est d’ailleurs le futur directeur musical de l’Opéra, Philippe Jordan, qui avait dirigé, en décembre 2006, la précédente exécution intégrale à Paris de Ma Patrie (1874-1879) de Smetana (voir ici).


Un cycle particulièrement à l’honneur ces dernières années, puisque, sans remonter à la venue de l’Orchestre symphonique de Londres et de Colin Davis en mars 2001 au Châtelet (voir ici), Jiri Belohlavek l’avait également dirigé à Bastille en février 2006. Et ce n’est que justice, tant un poème symphonique (La Moldau) peut en cacher… cinq autres. Le pari demeurait toutefois assez audacieux: un concert dépourvu de l’attrait d’un compositeur célèbre ou d’un virtuose à la mode. Une seule vedette, Smetana, mais le succès n’en fut pas moins au rendez-vous, avec une Salle Pleyel comble – il est vrai que ce programme n’était donné qu’à une seule reprise.


L’idée de débuter par l’ouverture Carnaval (1891) laisse sceptique: outre qu’en allongeant la soirée, elle justifie un entracte qui vient interrompre la succession des six parties de l’œuvre de Smetana, elle ne s’enchaîne pas de façon logique avec la première partie, ni par son climat, ni par sa tonalité (un la majeur aux antipodes du mi bémol de Vysehrad). La patrie chante certes autant chez les deux Tchèques, mais si l’on tenait à tout prix à proposer l’une des cinq ouvertures de Dvorak, Mon pays (natal) ou Husitska offraient une thématique davantage en relation avec Ma Patrie. Cela étant, Carnaval bénéficie ici d’une belle interprétation, Steinberg ne confondant pas élan et énergie avec déboutonnage ou tapage et soignant la section centrale avec une infinie délicatesse.


Dans Ma Patrie, la réussite apparaît plus inégale. Sans être pesant ou même solennel, le propos, plus sérieux, serein ou méditatif que passionné, s’attarde volontiers au risque de manquer de tension et d’urgence (Vysehrad) mais aussi de rebond dans les pages de nature dansante (La Moldau, Par les prés et les bois de Bohème): une vision moins flamboyante qu’à l’accoutumée, refusant la facilité et le folklorisme au premier degré pour faire ressortir les influences germaniques (Beethoven, Wagner) de cette musique. Le climat de Sarka, où s’illustre la clarinette magique de Pascal Moraguès, convient cependant mieux au chef lyrique, qui s’impose en outre dans un Tabor sombre et épique, à la sonorité magnifiquement cuivrée, six cors aidant, suivi, quasi attacca, d’un Blanik aussi inspiré, tout en laissant s’épanouir comme dans un rêve les passages de caractère pastoral.


Le public accorde aux musiciens de nombreux rappels, qui devraient inspirer nos orchestres – d’autres brefs poèmes symphoniques de Smetana méritent l’attention (Richard III, Le Camp de Wallenstein, Hakon Jarl) – mais surtout les responsables de maisons d’opéra en mal d’imagination: depuis quand n’a-t-on pas vu Dalibor, Les deux veuves, Les Brandebourgeois en Bohème ou même La Fiancée vendue?



Simon Corley

 

 

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