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Les Brigands font un casse

Paris
Athénée – Théâtre Louis-Jouvet
12/21/2007 -  et 26, 27 octobre (La Rochelle), 9 (Corbeil-Essonnes), 11 (Mâcon), novembre, 22*, 23, 26, 27, 28, 29, 30, 31 décembre 2007, 2, 3, 4, 5, 6, 8, 9, 10, 11, 12, 13 (Paris), 15 (Le Perreux-sur-Marne), 17 (Oyonnax), 24, 25 (Vélizy-Villacoublay), 27 (Noisy-le-Grand), 29 (Villeneuve-sur-Lot), 31 (Saintes) janvier, 2 (Chelles), 6 (Meudon), 9 (Longjumeau), 10 (Clamart), 19 (Le Vésinet) février, 12 (Saint-Quentin), 14, 15 (Arras), 27 (Niort), 30 (Maisons-Alfort) mars 2008
Marcel Lattès : Arsène Lupin banquier

Loïc Boissier (Bourdin), Gilles Bugeaud (Arsène Lupin), Gilles Favreau (Millepertuis), Léticia Giuffredi/Marie-Bénédicte Souquet* (Francine), Emmanuelle Goizé (Flo), Thomas Gornet (Le boucher, Claude), Isabelle Mazin (Liane, Madame Legrand-Jolly), Flannan Obé (Gontran), Alain Trétout (Le caissier, Monsieur Legrand-Jolly)
Anne-Cécile Cuniot*/Boris Grelier (flûte), Christian Laborie/François Miquel (clarinette, saxophone), Yannick Mariller (basson), Takénori Nemoto (cor), Vincent Mitterrand/Rodolph Puechbroussous (trompette), Pablo Schatzman, Claire Sottovia*/Benjamin Fabre (violon), Laurent Camatte (alto), Annabelle Brey/Vérène Westphal* (violoncelle), Nicolas Crosse (contrebasse), Pierre Gourier (percussion), Nicolas Ducloux (piano, chef de chant), Christophe Grapperon (direction musicale)
Philippe Labonne (mise en scène), Florence Evrard (scénographie), Elisabeth de Sauverzac (costumes), Philippe Lacombe (lumières), Jean-Marc Hoolbecq (chorégraphie)


Toujours fidèle au rendez-vous de fin d’année à l’Athénée, la compagnie Les Brigands poursuit ses investigations parmi la centaine de comédies musicales dont Albert Willemetz a écrit les lyrics: après Ta Bouche de Maurice Yvain en 2004 (voir ici) et Toi c’est moi de Moïse Simons en 2005 (voir ici), c’est ainsi le tour d’Arsène Lupin banquier (1930) de Marcel Lattès, en coproduction avec La Coursive (La Rochelle) et l’ARCADI.


Pour cette «opérette policière» en trois actes, Willemetz est assisté de Charles-Louis Pothier et retrouve Yves Mirande, dont le livret, inspiré de Maurice Leblanc, ne brille ni par le sens du suspense ni par la densité. Il est vrai que cet Arsène Lupin démangé par le démon de midi, presque en quête de respectabilité lorsqu’il est près d’embrasser la carrière de banquier, est plus sentimental que fringant et, comme de bien entendu, plus attachant que cette société prétendument respectable qui l’entoure. Il est vrai que l’actualité offrait de quoi nourrir la satire et le persiflage sur le thème de l’argent-roi: un an après le scandale de La Gazette du franc de Marthe Hanau (1928), le ministre de la justice venait d’être mis en cause suite à la faillite de la banque Oustric (novembre 1929). Au-delà de ces allusions historiques, la pièce réserve son lot réglementaire de calembours et se prête aisément aux détournements anachroniques, traditionnellement admis dans ce répertoire, qui ravissent le public, à l’image d’une garde des sceaux qui tient table au Fouquet’s ou de ce personnage qui donne un rendez-vous galant à Eurodisney.


Si les noms de Willemetz et Mirande demeurent relativement familiers, c’est en revanche l’occasion de redécouvrir la musique de Lattès, assassiné à Auschwitz en 1943. Ce disciple de Messager se souvient indéniablement des leçons de son maître mais aussi du style de Reynaldo Hahn, mais cette élégance et ce raffinement typiques de l’opérette française, avec des ensembles d’une belle qualité (comme «Ce sont des choses qui n’s’font pas», répété ad absurdum), s’ouvrent aux rythmes déhanchés des années 1920: le compositeur avouait d’ailleurs lui-même qu’il avait «essayé d’unir dans [sa] partition la formule française de Messager, Reynaldo Hahn, Maurice Yvain, à celle des Anglo-Américains»… quitte à juxtaposer dans l’interlude entre les deuxième et troisième actes, pour évoquer l’assoupissement de la famille Legrand-Jolly, le sommeil de Brünnhilde et «Fais dodo, Colas mon petit frère».


Le mélange prend bien et, avec des dialogues point trop envahissants, le rythme se maintient durant près de deux heures et demie, sous la baguette énergique du commissaire Guerchard, alias Christophe Grapperon: ce (jeune) ancien des Brigands, qui avait par ailleurs réalisé l’adaptation de Chonchette de Terrasse (voir ici), est ici à la tête de douze musiciens, au sein duquel on reconnaît la plupart des habitués de la compagnie, à commencer par le pianiste et chef de chant Nicolas Ducloux.


La partie théâtrale de l’équipe s’enrichit de l’arrivée de Philippe Labonne à la mise en scène et de Jean-Marc Hoolbecq aux chorégraphies, mais sans que l’on constate de changement notable dans l’esprit des spectacles des Brigands. La scénographie et les costumes demeurent toujours confiés respectivement à Florence Evrard et à Elisabeth de Sauverzac: l’action est située dans un cadre plus esquissé et suggéré que lourdement réaliste, mais d’une tonalité résolument art déco plutôt que modern style, tandis que les costumes cultivent un côté cocasse et décalé, déclinant dans le milieu bancaire toutes les nuances du vert – la couleur du dollar, sans doute. Les gants blancs, la canne et le haut de forme ne font une apparition qu’avant le lever de rideau: les nostalgiques de Georges Descrières en seront d’autant plus pour leurs frais que Gilles Bugeaud, même s’il ne manque pas lui-même d’allure en gentleman cambrioleur, ne tente pas d’en singer la prestance et la classe.


Comme de coutume, les voix sont inégales, plus ou moins justes, plus ou moins puissantes – mais il faut se souvenir qu’aux Bouffes parisiens, à la création, certains rôles étaient tenus par des acteurs (Koval en Lupin et le jeune Gabin en Gontran). A ce jeu-là, les trois femmes s’en sortent mieux – Emmanuelle Goizé toujours aussi pétillante en Flo et Isabelle Mazin, sorte d’Isabelle Nanty d’une vulgarité remarquablement étudiée en poule ou en bourgeoise – et certaines performances d’acteurs méritent d’être saluées, notamment celles de deux nouveaux venus: Flannan Obé en Gontran et Thomas Gornet, d’une impayable énergie en fils de famille benêt et maladroit, joignant fébrilement le geste à la parole.



Simon Corley

 

 

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