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Noël à la Monnaie Bruxelles La Monnaie 12/13/2007 - et 19 décembre 2007* Camille Saint-Saëns : Oratorio de Noël, opus 12
Ottorino Respighi : Lauda per la Natività del Signore, P.166 Hélène Guilmette (soprano, L’Angelo), Stephanie Houtzeel (mezzo, Maria), Natascha Petrinsky (contralto), Dovlet Nurgeldiyev (ténor, Pastore), Lauri Vasar (baryton)
Ensemble de musique de chambre de la Monnaie, Chœurs de la Monnaie, Piers Maxim (direction)
Un concert de Noël durant les fêtes de fin d’année ? L’idée va de soi mais ce type de soirée semble être une première pour la Monnaie. Encore que pour cette occasion, le théâtre bruxellois tourne le dos à toute musique pétillante, facile et sucrée, avec ce programme axé sur un couplage d’œuvres pour le moins rares de deux compositeurs qui gagneraient à être mieux connus.
Largement à cheval sur deux siècles, le copieux et éclectique catalogue de Camille Saint-Saëns regorge de pages peu jouées, voire boudées. Ecrit par un jeune homme de vingt-trois ans en un temps très bref – du 4 au 15 décembre 1858 – pour cinq solistes, chœur, harpe, orgue et quelques cordes, l’Oratorio de Noël sent bon le XIXe délicieusement désuet. Cette musique à l’esthétique quelque peu disparate ne peut être dépoussiérée et exhumée que si elle est défendue avec simplicité, sérénité, transparence ainsi qu’avec un soupçon de vie théâtrale. Piers Maxim répond à cette invitation en dirigeant, outre quelques instrumentistes de l’orchestre maison, ses chœurs de la Monnaie, déployant leurs qualités habituelles – cohésion, chaleur des timbres –, ainsi qu’un quintette de solistes croyant à la partition, duquel se distingue la soprano canadienne Hélène Guilmette, Deuxième Prix du Reine Elisabeth 2004.
Œuvre de maturité pour solistes vocaux, chœur, six bois, triangle et piano (à quatre mains), les Louanges pour la Nativité du Seigneur (1928-1930) constitueront sans doute une belle surprise pour ceux qui ne connaissent de Respighi que la «trilogie romaine». Rayonnant du soleil méditerranéen, cette cantate colorée d’aspect joliment archaïque décrit la naissance de Jésus selon le point de vue des bergers. Les musiciens en donnent une prestation en totale adéquation avec le climat et l’esprit : flûtes, hautbois, basson et cor anglais agrestes, chœur consolidant l’ensemble avec tact, Angelo parfait d’Hélène Guilmette, Maria exprimant toute sa joie de Stephanie Houtzeel, Pastore du ténor turkmène Dovlet Nurgeldiyev non moins marquant.
Qui dit Noël dit cadeaux, et le public, malgré cette belle heure de musique, ne repartira pas les oreilles totalement vides. Peter de Caluwe annonce avant les Lauda une surprise : Jennifer Larmore, Sophie de la nouvelle production à double distribution de Werther, offrira à l’issue de spectacle quelques chants populaires de Noël. Quatre bis généreux donnés sans kitsch.
Sébastien Foucart
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