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Jindrich Feld (1925-2007)

Paris
Centre tchèque
12/19/2007 -  
Jindrich Feld : Quatuor n° 4

Quatuor Prazak: Vaclav Remes, Vlastimil Holek (violon), Josef Kluson (alto), Michal Kanka (violoncelle)


Depuis l’automne 2006, la musique tchèque subit deuil après deuil, avec le décès successif des grandes figures de la génération de l’après Martinu, depuis Viktor Kalabis le 28 septembre 2006 jusqu’à Petr Eben le 24 octobre dernier. Mais c’est à Jindrich Feld, disparu le 8 juillet à l’âge de quatre-vingt-deux ans, que le Centre tchèque a souhaité rendre hommage: occasion également de saluer, en présence de sa veuve, Michèle Denis, la mémoire de Guy Erismann, dont la mort voici un peu de plus de trois mois prive l’institut culturel de la rue Bonaparte de l’un de ses plus fidèles soutiens et qui aurait sans nul doute été l’homme de la situation pour présenter une telle soirée, à laquelle assistaient notamment l’ambassadeur de la République tchèque et Françoise Rampal.


Quatre témoignages captivants sont venus éclairer, une heure durant, la personnalité et la musique de Feld. D’abord celui d’Ivan Ruml, producteur à Radio Vltava, qui l’a connu lorsqu’il travailla pour cette station dans les années 1990: Feld sortait alors d’une vingtaine d’années de purgatoire, suite aux événements de 1968, évoqués sans détour par une fantaisie dramatique intitulée Les Jours d’août composée alors qu’il était enseignant à Adelaide. Ruml souligne par ailleurs la richesse d’un catalogue qui compte notamment trois symphonies et six quatuors.


Denis Verroust, président de l’Association Jean-Pierre Rampal, rappelle les circonstances de la naissance d’une longue amitié, remontant à 1955, lorsque le flûtiste décida de défendre le Concerto (1954) de Feld, qu’il enregistra (1956, puis à trois autres reprises) et dont il donna la première publique (1957), à l’occasion de laquelle Khatachaturian lui demanda d’adapter pour la flûte son propre Concerto pour violon. Rampal commanda ensuite une Sonate et Feld écrivit par ailleurs une Fantaisie concertante pour le concours Rampal ainsi qu’un Nocturne (avec trio à cordes) in memoriam.


Pascal Gresset, flûtiste, président de l’Association française de la flûte et rédacteur en chef de «Traversières magazine», organe officiel de cette association, insiste sur la personnalité de Feld, polyglotte humaniste, notamment francophone et francophile, cultivant à la fois modestie, contestation politique et franc-parler. Doté d’un sens aigu des différents instruments, défendant une conception artisanale et pragmatique de son métier, il considérait que son plaisir était de «répondre à la demande», même s’il regrettait de n’avoir pu se consacrer à l’opéra. Fluide et virtuose en même temps que théâtrale, recourant volontiers aux citations populaires ou savantes, sa musique revendique certaines inspirations – Honegger, venu à Prague en 1955, et Bartok – et en rejette d’autres: Feld affirmait ainsi «Schönberg m’ennuie profondément», mais il se sentait proche de ses compatriotes Eben, Ilja Hurnik et Kalabis.


Créateur des disques Praga, répondant ainsi à une préoccupation de Feld, qui s’alarmait dès 1991 du départ des artistes de son pays vers des rémunérations plus attractives, Pierre-Emile Barbier, qui décrit Feld comme un «Martinu qui aurait écouté le Concerto à la mémoire d’un ange», a l’extrême pudeur d’omettre de signaler que c’est à lui qu’est dédié l’ultime Concerto pour alto, créé à Dijon par Raphaël Oleg et dont il fait circuler le manuscrit dans le public: aboutissement d’une relation privilégiée qui avait été notamment renforcée par la victoire du Quatuor Prazak au Concours d’Evian en 1978, d’autant que Michal Kanka, violoncelliste au sein de cette formation depuis 1986, n’est autre que le gendre de Feld.


Le Sixième quatuor est précisément destiné aux Prazak, Pierre-Emile Barbier révélant que chacun de ses mouvements fait référence aux villes natales des membres du quatuor. Mais c’est le Quatrième (1965), avec sa structure en arche à la Bartok, que les musiciens tchèques ont préféré jouer: vingt minutes sombres, tendues, lyriques, âpres, rageuses et intenses, bien plus proches de Berg que de Martinu – quoique se concluant dans l’apaisement d’un accord parfait majeur – et empoignées par les Prazak avec leur fougue coutumière.


Le site de l’Association Jean-Pierre Rampal



Simon Corley

 

 

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