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Chassé-croisé Paris Salle Pleyel 12/14/2007 - Maurice Ravel : Le Tombeau de Couperin – La Valse
Claude Debussy : La Damoiselle élue – La Mer
Natalie Dessay (soprano), Delphine Haidan (mezzo)
Chœur de Radio France, Ciro Visco (chef de chœur invité), Maîtrise de Radio France, Morgan Jourdain (chef de chœur), Orchestre philharmonique de Radio France, Myung-Whun Chung (direction)
Pour nos esprits cartésiens si friands de parallèles entre hommes illustres, celui entre Debussy et Ravel – déjà pratiqué du vivant même des deux compositeurs, même si c’était alors pour reprocher au second d’avoir copié le premier – offre de riches perspectives: une comparaison, ou, à tout le moins, un dialogue qu’autorisent plus particulièrement des œuvres nées, à quelques années d’intervalle, voire à quelques mois seulement, des mêmes inspirations – l’Espagne, Ondine et Mallarmé, dont ils mirent en musique coup sur coup trois poèmes chacun, portant en outre leur choix sur deux poèmes identiques.
Un répertoire dans lequel on a certes entendu et réentendu l’Orchestre philharmonique de Radio France au cours des dernières années, plus particulièrement avec son directeur musical, Myung-Whun Chung – par exemple La Mer déjà au moins à deux reprises en février 2002 (voir ici) puis en novembre 2002 (voir ici), de même que La Valse en novembre 2002 puis en septembre 2006 (voir ici) – mais abordé ici sous un angle nouveau.
La première partie du programme rapprochait ainsi deux partitions «archaïsantes», bien que séparées de près de trente ans. Dans Le Tombeau de Couperin (1917/1919), Chung fait prévaloir la couleur, grâce à la belle finesse des bois du Philhar’, mais aussi l’hédonisme – Prélude fluide et sensuel, Forlane qui s’alanguit ici ou là, Rigaudon frais et ludique – sans oublier, comme dans le Trio du Menuet, le contexte sombre dans lequel fut créée cette suite, dont chacun des mouvements est dédié à la mémoire d’un soldat disparu durant la Première Guerre mondiale. Natalie Dessay n’a pas peu contribué à ce que ce concert soit donné à guichets fermés. Mais ceux qui ne seraient venus que pour elle en auront été pour leurs frais, car sa contribution à La Damoiselle élue (1888) de Debussy, si parfaite de pureté et de diction fût-elle, leur aura sans doute paru bien courte. A ses côtés, Delphine Haidan a une voix sans doute un peu lourde pour sa partie, quoique manquant de projection dans le grave, tandis que le Chœur et la Maîtrise de Radio France sont angéliques à souhait.
Après cette rareté, la seconde partie de la soirée revenait à des chevaux de bataille des formations françaises. Dans La Mer (1905) de Debussy comme dans La Valse (1920) de Ravel, Chung met en valeur de façon assez inattendue l’opulence des textures orchestrales, sculptant le son avec lenteur et savourant les timbres avec gourmandise: des interprétations langoureuses et spectaculaires, mais presque narcissiques, trop réductrices par leur tendance à étirer le tempo et à surligner certains passages.
Le site de Natalie Dessay
Simon Corley
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