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Un superbe bis Paris Auditorium Saint Germain des Prés 11/17/1998 - Oeuvres de Frédéric Chopin Laure Favre-Kahn (piano) On ne manquera pas de s'étonner, et ce concert n'est que la confirmation d'une tendance générale, de la volonté des jeunes pianistes débutants de se confronter directement et quasi exclusivement à un nombre extrêmement réduit de grands compositeurs déjà largement explorés par d'illustres devanciers. Le premier disque de Laure Favre-Kahn était consacré à Schumann, le second, publié ces jours ci, à Chopin, et le prochain ? Un Schubert ? Quelle originalité ! N'osent-ils plus jouer Scarlatti ou Bach par peur des baroqueux ? Leur fait-on découvrir, au conservatoire, le répertoire du XXe siècle, connaissent-ils la Sonate 1905 de Janacek ou En plein air de Bartok qu'a joué Radu Lupu la saison dernière à Pleyel, ont-ils entendu parler des elliptiques et limpides Notations pour piano de Boulez que va donner Jean-Efflam Bavouzet dimanche prochain au TCE ? D'autant que le Chopin de Laure Favre-Kahn ne convainc pas totalement à cause de son manque de souplesse et de fluidité (notamment dans la Valse n°7 op. 64 n°2, et la Grande valse op. 18). Sa grande réussite, par contre, dans la méditative Fantaisie en fa mineur op. 49 et dans la "percussive" Grande Polonaise op. 22 nous font penser qu'elle pourrait briller… dans un autre répertoire. Le premier bis, un prélude de Rachmaninov, dégageait un parfum de perfection et se révélait être la pièce la plus convaincante du récital. Les voyages forment la jeunesse dit-on justement, et à 22 ans il reste encore beaucoup de contrées à explorer. Il sera toujours temps de revenir un jour à Chopin.
Philippe Herlin
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