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Fluctuat nec mergitur

Paris
Salle Pleyel
11/24/2007 -  
Gustav Mahler : Der Schildwache Nachtlied – Urlicht – Des Antonius von Padua Fischpredigt (extraits de Des Knaben Wunderhorn)
Wolfgang Amadeus Mozart : Der Vogelfänger bin ich ja – Ein Mädchen oder Weibchen (extraits de «La Flûte enchantée», K. 620)
Nicolas Mondon : Berceuse-tableaux (création)
Igor Stravinski : Petrouchka

Evgueniy Alexiev (baryton)
Orchestre Pasdeloup, Wolfgang Doerner (direction)


L’Orchestre Pasdeloup a placé sa saison sous le signe du plaisir, à l’image de ce concert intitulé «Plaisir d’enfance», emblématique du nouveau cours suivi par la formation parisienne depuis quelques années, grâce à l’élargissement du répertoire qu’inspire Wolfgang Doerner, «premier chef invité» (de facto sinon de jure), mais aussi au souci de renouvellement qui anime Patrice Fontanarosa, conseiller artistique.


Si elles renvoient certes plus ou moins directement à l’enfance, les œuvres au programme ont également comme point commun une inspiration ou une tonalité populaires. Par-delà leurs différences stylistiques, Papageno et le Cor merveilleux de l’enfant se rattachent en effet à une même tradition germanique, justifiant que les deux airs du personnage de La Flûte enchantée (1791) de Mozart soient insérés parmi trois des plus fameux Wunderhorn-Lieder, écrits tout juste un siècle plus tard (1892-1893).


Deux jours plus tôt à Pleyel, Karita Mattila avait chanté pieds nus la scène finale de Salomé (voir ici): un parti pris qu’une prestation vocale de haut niveau rendait difficilement attaquable et qui, bien que joint à une gestuelle quelque peu excessive, trouvait au demeurant sa justification s’agissant d’un extrait d’opéra. Entamant son mini-récital par Der Schildwache Nachtlied, Evgueniy Alexiev croit également utile de se déchausser, mimant ensuite… en chaussettes le mouvement de marche de la sentinelle que la musique suffit pourtant à suggérer: même si elles sont moins inappropriées dans les deux airs de Mozart que dans l’univers du lied mahlérien, ces navrantes pitreries paraissent d’autant plus impardonnables que le baryton bulgare déçoit à bien des égards: projection insuffisante, aigus inexistants, justesse inégale, timbre terne, interprétation complaisante. Entendre Urlicht par une voix d’homme, passe encore, mais il faut ici endurer le spectacle de cette main sans cesse collée contre l’oreille, ou bien, dans Des Antonius von Padua Fischpredigt, ces phrasés aux clins d’œil appuyés. Un véritable crève-cœur, car Doerner, de son côté, assure un accompagnement transparent et subtil.


Les compositeurs contemporains trouvent désormais régulièrement leur place chez Pasdeloup, autre exemple des changements intervenus ces dernières années: pour modeste qu’elle soit – cinq minutes, en l’espèce – cette présence, soutenue par Musique nouvelle en liberté, constitue, pour une association symphonique, un effort remarquable qui se doit d’être salué. On connaissait des Berceuses élégiaque (Busoni) ou héroïque (Debussy), de même que des Etudes-tableaux (Rachmaninov): donnée en création, la Berceuse-tableaux de Nicolas Mondon (né en 1980) a quant à elle pour ambition de dépeindre la perception de la berceuse au travers du prisme de différentes cultures (occidentale, chinoise), plutôt que d’être elle-même une berceuse. Cela étant, après un travail sur la rareté et la couleur, les oscillations et réminiscences inhérentes au genre finissent par s’imposer.


L’après-midi se conclut sur un Petrouchka (1910) de Stravinski plein de vitalité et d’énergie, festif et poétique à la fois. Davantage que la truculence du propos, Doerner met en valeur le raffinement de l’écriture et, en capitaine aguerri aux tempêtes les plus extrêmes, parvient à mener à bon port le navire et son équipage: Fluctuat nec mergitur, car une fois de plus avec cet orchestre, le plaisir promis au public se transmet d’autant plus aisément qu’il est visiblement partagé par les musiciens.



Simon Corley

 

 

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