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Hystérie

Paris
Salle Pleyel
11/22/2007 -  et 24 novembre 2007
Richard Strauss : Sextuor de «Capriccio», opus 85 – Danse des sept voiles et scène finale de «Salomé», opus 54
Wolfgang Amadeus Mozart : Quintette pour piano et vents, K. 452

Karita Mattila (soprano), Roland Daugareil, Eiichi Chijiiwa (violons), Ana Bela Chaves, David Gaillard (altos), Emmanuel Gaugué, François Michel (violoncelles), Alexandre Gattet (hautbois), Philippe Berrod (clarinette), Giorgio Mandolesi (basson), André Cazalet (cor)
Orchestre de Paris, Christoph Eschenbach (piano et direction)


Tout juste revenu d’une tournée de vingt-quatre jours en Asie (Chine, Taiwan, Japon, Corée), l’Orchestre de Paris présente à deux reprises un court programme qui s’adapte habilement aux conséquences – décalage horaire, temps de préparation – de ce récent retour dans la capitale: une première partie chambriste, une seconde partie orchestrale, ces deux volets distincts n’étant pas moins reliés par une indéniable logique.


La plupart des orchestres parisiens organisent des concerts de musique de chambre qui visent notamment à mettre en valeur leurs musiciens, plus particulièrement leurs chefs de pupitres, mais ces initiatives ne bénéficient qu’exceptionnellement de l’horaire et du cadre traditionnels des concerts d’abonnement. Ce n’est que justice pour les cordes réunies dans le Sextuor ouvrant Capriccio (1941) – le déroulement infini de la phrase straussienne, avec ce qu’il faut de sucre par-dessus – et, en résonance de l’opéra de Strauss dont l’action se déroule en 1775, les vents dans le Quintette en mi bémol (1784) de Mozart, écrit neuf ans plus tard. Une musique dont le piano de Christoph Eschenbach, économe en pédale et en couleur, quoique parfois un rien affecté, n’aura pas contribué à valoriser les ombres et les mystères.


Aux antipodes de Capriccio, Salomé (1905) donne un autre aperçu du génie straussien. Dans la Danse des sept voiles, particulièrement en situation dans une soirée que le directeur général, Georges-François Hirsch, a préalablement dédiée à la mémoire de Maurice Béjart, disparu le matin même, Eschenbach cultive la transparence et ne cède pas au mauvais goût, mais reste en deçà de la tension et du caractère vénéneux de cette page. Venue chanter la scène finale, Karita Mattila fait une entrée fracassante – robe noire, épaule dénudée, boa enroulé autour du bras droit, pieds nus, chevelure peroxydée –, embrassant le premier violon pendant qu’elle reçoit une longue ovation de la Salle Pleyel. Comme en 2003 à Bastille (voir ici), la soprano finlandaise se livre pleinement, dans un désordre très étudié, aux affres de l’hystérie, joignant le geste à la parole, tapant du pied, jouant d’expressions hallucinées et achevant à genoux sa prestation.


Tout cela serait anecdotique, voire agaçant, si ses qualités vocales ne demeuraient pas fascinantes: certes, elle ne parvient pas toujours à surmonter la puissance d’un effectif orchestral conçu pour la fosse, et les imprécations plus hurlées ou parlées que chantées, davantage à la manière d’Hérodiade que de Salomé, lui permettent de parer à d’éventuelles difficultés dans le grave. Mais la justesse, la beauté du timbre, la façon de faire vivre le texte, de l’interpréter et de se l’approprier, tout cela ne peut que susciter l’admiration du public, qui lui réserve un rare triomphe et auquel elle offre une brève mélodie a cappella. Qui a dit que l’ère des divas appartenait au passé?



Simon Corley

 

 

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