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Tout pour la musique

Geneva
Grand Théâtre
11/11/2007 -  et les 13, 15, 17, 19 et 21 novembre 2007

Georg Friedrich Haendel: Ariodante


Antonio Abete (Le Roi d'Ecosse), Patricia Petibon (Ginevra), Joyce DiDonato (Ariodante), Charles Workman (Lurcanio), Amanda Forsythe (Dalinda), Varduhi Abrahamyan (Polinesso)


Orchestre de Chambre de Genève, Kenneth Montgomery, direction musicale. Mise en scène et décors: Pierre Strosser, costumes: Patrice Cauchetier, création images vidéo: Benoît Delaunay, lumières: Joël Hourbeigt


Pas de costumes flamboyants, pas de perruques poudrées ni d’accessoires extravagants pour cette nouvelle production d’Ariodante au Grand Théâtre de Genève. Pierre Strosser – un habitué de la maison – a opté pour un dispositif sobre, plongé dans une semi-obscurité: le plateau représente l’arrière-scène d’un théâtre, avec des tables de maquillage, des miroirs entourés d’ampoules, des chaises, des costumes et une petite table de régie; au centre est posée une estrade sur laquelle se déroule une répétition de l’œuvre; les protagonistes y montent pour chanter leurs airs, parfois avec une partition à la main, alors que les autres regardent leurs collègues et échangent leurs impressions. Théâtre dans le théâtre, work in progress? L’idée n’est pas nouvelle, mais on peine ici à voir où le metteur en scène veut en venir. Serait-il cette fois en panne d’inspiration? Si ses Maîtres-Chanteurs, présentés sur cette même scène il y a tout juste une année, ont remporté un prix du Syndicat professionnel de la critique, Ariodante ne restera ni dans les annales ni dans les mémoires. Au rideau final d’ailleurs, Pierre Strosser est copieusement hué. Provocation ou naïveté? Dans un quotidien genevois, il venait de déclarer que «une mise en scène qui ne s’oublie pas n’est pas une mise en scène.» L’arroseur s’est-il fait arrosé?


Quoi qu’il en soit, le public a eu tout loisir de se concentrer sur la musique. Et quelle musique! Les deux lamenti d’Ariodante et de Ginevra au deuxième acte resteront comme les points forts du spectacle, atteignant des sommets d’intensité, suspendant le temps pendant quelques instants. Ces moments de grâce, où tout le reste n’a plus d’importance, sont tellement rares qu’on donnerait n’importe quoi pour les revivre. On saura donc gré à la direction du Grand Théâtre d’avoir réuni une distribution exceptionnelle, à la tête de laquelle il convient de citer Joyce DiDonato dans le rôle-titre, à la virtuosité époustouflante et à l’aplomb scénique confondant. Patricia Petibon en Ginevra et Amanda Forsythe en Dalinda ne lui cèdent en rien, ni vocalement ni scéniquement. Le Polinesso de Varduhi Abrahamyan arrive presque à leur hauteur, alors que Charles Workman en Lurcanio est en retrait, avec ses aigus tendus et ses problèmes d’intonation. Dans la fosse, les musiciens de l’Orchestre de Chambre de Genève, disposés de profil, contribuent eux aussi à faire de cette soirée une réussite musicale, quand bien même on aurait souhaité de Kenneth Montgomery une lecture plus nerveuse et contrastée de la partition de Haendel.





Claudio Poloni

 

 

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