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Un Mozart en état de siège

Bruxelles
La Monnaie
10/16/2007 -  18, 21, 23, 26, 28*, 31 octobre, 3, 6, 8, 11 novembre 2007
Wolfgang Amadeus Mozart : Mitridate, Rè di Ponto, KV 87
Bruce Ford (Mitridate), Mary Dunleavy (Aspasia), Myrtò Papatanasiu (Sifare), Bejun Mehta (Farnace), Veronica Cangemi (Ismene), Maxim Mironov (Marzio), Jeffrey Francis (Arbate)
Orchestre Symphonique de la Monnaie, Mark Wigglesworth (direction)
Robert Carsen (mise en scène, éclairages), Radu Boruzescu (décors), Miruna Boruzescu (costumes), Peter Van Praet (éclairages), Ian Burton (dramaturgie)



Des débuts importants sont d’emblée à signaler pour cette nouvelle production de Mitridate. Inspiré de Racine, cet opera seria d’un Mozart âgé de seulement quatorze ans entre au répertoire de la Monnaie, le futur directeur musical Mark Wigglesworth se produit pour la première fois dans la fosse et le metteur en scène canadien Robert Carsen, bien connu du public belge par ses productions au Vlaamse Opera, signe ses débuts dans le théâtre bruxellois.


Et quels débuts ! Le travail d’acteurs précis et talentueux de Carsen, le réalisme cru de sa mise en scène, jamais à court de bonnes idées, rend en définitive pertinent le changement de référentiel opéré pour ce Mitridate. Un immeuble bombardé, poutres de béton tombantes et ferrailles apparentes, comme décor unique, dans une époque contemporaine, mais dans un lieu indéterminé. Cela peut représenter une Europe imaginaire en guerre, mais cela peut également évoquer Beyrouth ou l’Irak. Pourquoi pas, après tout ? Le mélomane blasé en aura vu d’autres. Le contexte guerrier omniprésent de ce spectacle creusé et d’une imparable logique théâtrale n’empêche toutefois pas certaines images d’être belles (duo entre Aspasia et Sifare au II) autant que fortes (scène de combat au ralenti au III). Les éclairages de Carsen et de Peter van Praet participent à la beauté des effets.


Si elle s’avère inégale, la musique de Mozart renferme des passages inspirés, significatifs de son génie, et témoigne d’une compréhension poussée de la richesse psychologique des personnages. Jalousie, trahison, désir, soif du pouvoir, Mozart rend ces aspects avec une saisissante justesse. Mark Wigglesworth donne de la consistance à la partie d’orchestre mais, par instants assez plombée, bien que vigoureuse, sa direction ne renouvelle pas l’excellente impression laissée par d’inoubliables Gurrelieder (ici) : traits parfois trop épais, timbres souvent un peu mats, mise en place et articulation pas toujours finement réalisées, accompagnement du clavecin très commun.


Le plateau vocal se situe dans une très honorable moyenne. Aux côtés d’un très bon Arbate de Jeffrey Francis, d’une Ismene élégante de Veronica Cangemi et du Marzio correct de Maxim Mironov, Myrtò Papatanasiu incarne avec sensibilité un Sifare plus adolescent que jeune homme aguerri, et compense par son jeu d’acteur une projection inégale. Par moments peu inspirée, Mary Dunleavy campe une belle Aspasia, capable de saisissants éclats dramatiques. Bruce Ford investit en parfait mozartien le rôle titre avec une remarquable présence scénique et un soin constant porté à éclairer la complexité du personnage. Enfin, excellent Farnace de Bejun Mehta, magnifique voix de contre-ténor, qui livre une prestation éblouissante et d’une grande justesse de sentiment. Le public lui accordera ses applaudissements les plus chaleureux.



Sébastien Foucart

 

 

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