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Classiques viennois Bruxelles Bozar, Salle Henry Le Bœuf 10/16/2007 - Joseph Haydn : Sonate n°33, Hob. XVI:20
Ludwig van Beethoven : Sonate n°31, opus 110
Franz Schubert : Impromptus, D. 935 n°1 et n°3
Wolfgang Amadeus Mozart : Sonate n°14, KV 457
Alfred Brendel (piano)
Il a l’allure maladroite d’un savant un peu dans la lune mais incarnant une indéniable autorité intellectuelle. Respecté, consulté, par ceux qui veulent mieux comprendre, mieux entendre, Haydn, Beethoven, Schubert ou Mozart, le pianiste autrichien Alfred Brendel se produit à Bruxelles dans un programme centré, une fois de plus, sur son répertoire favori, qu’il ne cesse de relire et d’approfondir avec exigence et intégrité afin de rencontrer toujours plus intimement les intentions du compositeur.
Parcourant presque soixante années de musique viennoise, le récital exige une attention de tous les instants mais Brendel renouvelle constamment l’intérêt en évitant toute monochromie. De Haydn à Mozart, en passant par Beethoven et Schubert, le jeu est d’une splendide éloquence. Autant le pianiste cultive la grâce et le naturel dans la Sonate n°33 (1771) de Haydn, autant il exalte tout ce qui annonce Beethoven dans la Sonate K. 457 (1784). La première est sérieuse, mais pas austère, la seconde d’une saisissante pureté d’expression, mais toutes les deux bénéficient d’un doigté nuancé et tendent vers des points d’équilibre parfait. Quant aux phrasés, ils témoignent d’une totale maîtrise de la ligne mélodique. Difficile de faire mieux.
Stoïque tout au long de la soirée malgré les nombreuses toux pas ou peu réprimées, Alfred Brendel transcende le romantisme schubertien dans les Premier et Troisième Impromptus (1827). Au service de la musique, ne la gardant jamais pour lui et s’interdisant tout histrionisme, ce musicien est un communicateur subtil. Une qualité remarquée dans Schubert, ainsi que dans Haydn et Mozart, mais tout simplement remarquable dans l’Opus 110 (1821) de Beethoven. Dans cette avant-dernière sonate, Brendel dose la puissance, creuse sa lecture, pensée dans les détails, et crée les couleurs d’un ciel gris où pointent néanmoins les rayons du soleil.
Le pianiste ne quittera pas son public, venu très nombreux, sans offrir, en bis, le Deuxième Impromptu, D. 935 de Schubert où il atteint l’indicible.
Le site d’Alfred Brendel
Sébastien Foucart
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