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Turquerie

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
10/13/2007 -  
Jean-Sébastien Bach : Chaconne de la Partita pour violon n° 2, BWV 1004 (transcription Ferruccio Busoni) – Fantaisie en sol mineur, BWV 542 (transcription Fazil Say) – Passacaille en ut mineur, BWV 582 (transcription Fazil Say)
Joseph Haydn : Sonate n° 35, Hob.XVI.43
Serge Prokofiev : Sonate n° 7, opus 83

Fazil Say (piano)

La Turquie tournée vers l’Occident a su dégager des virtuoses du piano brillant sur les scènes internationales : Idil Biret, Hüseyin Sermet et plus récemment Fazil Say. Si les deux premiers suivent une carrière relativement discrète, marquée du sceau de l’exigence, et ont tissé des liens privilégiés avec la France, Fazil Say, fierté nationale de la génération suivante, né en 1970, formé en Turquie et en Allemagne, qui partage avec Hüseyin Sermet le goût de la composition et avec Idil Biret celui des transcriptions, a cependant souvent été critiqué pour ses excès. Ses goulderies, ses accompagnements de la voix et des pieds, ses tenues et ses minauderies qui le rapprochent tantôt d’un Nigel Kennedy et tantôt d’un Lang Lang ont pu exaspérer au point d’occulter parfois son jeu qui dans ses meilleurs moments fait penser à celui d’Horowitz.


Malheureusement le début de sa prestation au Théâtre des Champs-Élysées devait nous ramener aux mêmes constats. La Chaconne fut écrasée dès le début, sans respiration, sans aucune élévation. Les masses grandioses construites par Busoni furent transformées en amas pâteux et informes. La Fantaisie, transcrite de l’orgue par ses soins, fut, de la même manière, éclatée et mise en pièces, la tentation jazzy n’étant pas loin. Absence de cheminement vers la fugue et tempos parfois irréguliers caractérisèrent une interprétation d’une transcription, partition ouverte au-dessus des cordes, n’apportant au fond aucun éclairage original sur l’œuvre du Kantor. La Passacaille, déplacée en début de seconde partie, fut en revanche plus intéressante. Serrant de plus près l’original, probablement contraint, Say en dégagea mieux la lumière, l’unité et la force, la fugue débouchant naturellement.


Le virtuose, cherchant désespérément des yeux quelque chose par terre au fond de la scène, se délecta avec la Trente-cinquième sonate de Haydn (1783), récemment enregistrée (lire ici) et ajoutée au programme de la première partie au dernier moment, et notamment ses arpèges impressionnants, mais passa cette fois à côté de son charme et de son espièglerie, sa voix se révélant alors particulièrement gênante.


Restait donc, pour sauver le concert, la terrifiante « Sonate de guerre » (1942) de Prokofiev, jouée immédiatement après la Passacaille en seconde partie. Say se révéla, comme on pouvait le prévoir, une fantastique machine à marteler et broyer le piano, la clarté du discours n’étant pas toujours au rendez-vous. Mais l’Andante caloroso central, pris un peu rapidement, fut finalement assez noble et les effets répétitifs de cloches plutôt soignés.


Evidemment, notamment dans ce contexte, les bis étaient attendus avec impatience. Ils rattrapèrent largement l’impression plus que mitigée laissée par le programme officiel. Comme Friedrich Gulda jadis, Say changea de registre et interpréta tout d’abord une fantaisie sur Summertime, bien enlevée, pétillante et pleine d’humour, puis de brillantes variations sur un thème traditionnel turc joué la main à plat sur les cordes pour obtenir un son proche du santur et retrouvé à la fin. Le public, en partie turc, fut totalement conquis, à juste titre, et se leva pour applaudir. On ne pouvait que regretter que Say n’ait pas plus fait découvrir les richesses des musiques traditionnelles turques, notamment ney et soufies, au travers de ses libres interprétations.


Le site de Fazil Say



Stéphane Guy

 

 

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